Communauté Des Bakacahuètes
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Tout le monde s'est déjà senti au moins une fois cacahuète dans sa vie... Alors pourquoi ne pas l'assumer entièrement? =D
 
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 Heaven's Night~

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Mitsumay
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MessageSujet: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 12:58

Il m'était impensable de creer ce forum sans garder un topic pour mon petit livre ^^


Heaven's Night~ Couverture2copierhv3



Tout d'abord, je vous prierais de bien vouloir m'excuser pour l'absence des alinéas, mais le forum ne prend pas en compte ces dernières! >___<
J'ai donc sauté une ligne à la place. La mise en page n'est donc pas comme je l'aurai souhaité mais il faut faire avec u_u" J'espère que ca ne vous empèchera pas de lire convenablement ^^"


***



Vous avez aimez ou détestez? J'aimerai avoir vos impressions si possible. Tout commentaire est la bienvenue, pourvu qu'il soit constructif . Pour que je puisse m'améliorer, voir les choses qui ne vont pas etc. Merci de bien vouloir me comprendre...


Bonne lecture a tous~




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MessageSujet: Prologue   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 13:31

Prologue



Depuis toujours, les hommes ne peuvent s’empêcher de souhaiter des choses irréalisables. Il y aura toujours en nous une parcelle, infime soit-elle, qui ne cessera de prier les étoiles. Il paraît que la nuit est faite de milliards de vœux qui resteront inaccessibles pour l’éternité, on nomme ces souhaits « étoiles » … Pourtant, au lieu de crier vers elles pour qu’elles daignent venir vers nous, il suffirait de tendre la main et d’y croire un minimum; mais pour bien des gens, c’est beaucoup trop demander…On a perdu l’habitude de croire, on ne croit plus en rien, plus en ses proches, plus en nous même…

Je me suis souvent adressée à ce ciel étoilé, confiant tous mes désirs et regrets qui sont enfuis au plus profond de moi; et j’ai espéré, supplié, et « souffert ». Il ne me reste aujourd’hui plus que mes yeux pour pleurer. Chaque jour qui passait, je comprenais un peu mieux le sens du mot « irréalisable », comme si on aurait voulu refaire la Terre, jouer avec les nuages, ressusciter un être cher, celui que vous chérissez le plus, celui qui vous a appris à rire, à pleurer, à souffrir, et à aimer…Tout simplement celui qui vous a appris à vivre…
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MessageSujet: Chap 1   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 13:33

Heaven's Night~ 1053891480



Il faisait froid, si froid... Pourtant les fenêtres étaient closes et ma couverture recouvrait entièrement mon corps, un corps qui frissonnait. Premier jour d'automne, et aucune feuille morte à l'horizon. La température n'avait pas baissé depuis le début de l'été, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir froid, tout ce qu'il y avait de plus normal, vu que mon cœur était de glace.

Je n'avais jamais compris d'où provenait cette « chose » qui m'empêchait de ressentir la moindre émotion, un bouclier sans cœur, cruel, tout comme celle qu'il habitait. Je n'avais jamais pleuré, jamais ri, et ce depuis que j'étais née. Mes parents s'inquiétaient mais plus les années passaient, plus ils furent distants. La peur est un étrange sentiment. Je ne connaissais ni la douleur, ni la tristesse, ni même l'amour. J'avais en ce jour 17 ans, et je n'avais eu jusqu'à présent aucun véritable ami; pourtant, je faisais tout pour leur ressembler. J'imitais leurs rires, leurs peurs, mais rien n'y faisait, je n'étais et ne serais jamais comme eux. J'aurais tant aimé « être comme tout le monde », mais la pierre qui me servait de cœur ne l'entendait pas de cette façon.

Voilà désormais dix-sept années, 8 heures et 15 minutes que j'étais officiellement «morte à l'intérieur ». Pour la plupart des gens, « naissance » rime avec « souffle de vie »; en ce qui me concerne, on s'était trompé et avait fait tout le contraire. Mais on a tous le droit à l'erreur, alors je ne cherchais pas à savoir pourquoi moi, et les pardonnais de leur inattention.

Ces derniers jours, je n'arrivais pas à trouver le sommeil, lui non plus ne voulait pas de moi. Pourtant, la nuit était ma seule alliée, la seule qui ne me jugeait pas, ne me questionnait pas, m'écoutait, tout simplement.

La lune luisait et ses halos de lumière épousaient la forme de ma couverture. C'était seulement les jours de pleine lune que je me sentais rassurée, comme si les rayons de cet astre m'enveloppaient et me berçaient, tendrement, comme une mère que je n'avais jamais eue. Dans cette familière atmosphère, je me détendis et fermai doucement mes yeux. Mais il ne m'avait suffit que de deux secondes pour que je les rouvris aussitôt. J'avais besoin de savoir que cette lumière était encore présente, j'avais déjà tant perdu que je n'aurais pu supporté aucune autre perte. C'était absurde, je le savais, mais j'étais comme ça.

Je n'arrivais pas à quitter ce halo, je m'y accrochais comme si ma vie en aurait dépendu; or, elle en dépendait justement. Étrangement, je fermai les yeux sans plus aucune difficulté, complètement rassurée. La fatigue devait y être pour quelque chose mais j'avais l'étrange pressentiment que cette couleur argentée produite par la peine lune ne me quitterait désormais plus jamais.

6 h 59... Comme chaque matin, je me réveillais juste avant que mon propre réveil ne sonne. Machinalement, je me dirigeais vers la salle de bain, complètement réveillée. Je ne manquais jamais de sommeil, encore une bizarrerie qui façonnait l'être étrange que j'étais. Je me fixais dans la glace et y aperçu la plus banale des filles que la terre a malheureusement pour elle portée. Mes cheveux ondulés vers les pointes retombaient sur mes épaules. Brune, comme 75 pour cent des filles de cette planète. Mes yeux noirs contrastaient avec la blancheur de ma peau.

Il paraissait que, jusqu'à l'âge de 2 ans, la couleur de mes yeux prenait une couleur que je n'aurais pu qualifier, tirant vers le violet foncé, parfois même clair....Mais pour les quinze années qui suivirent, la teinte de mes yeux ne s'unissait qu'à celle de mon âme, noire comme la nuit. J'essayais parfois, lorsque je repensais à mon enfance, de détecter la moindre parcelle violette qui se serait égarée par hasard dans mes iris, mais tout restait noir...une habitude.
Enfin, cela appartenait au passé, et en ce jour, j'étais face à mon reflet, désirant plus que tout au monde être quelqu'un d'autre. Je soupirai, à quoi bon espérer ? L'espoir est le premier pas vers la déception.

De mes longs doigts qui se sont affinés avec les années, je replaçai une mèche rebelle. On m'avait souvent incité à jouer d'un instrument, pour mon plaisir disait-on, mais je savais pertinemment qu'ils cherchaient tous désespérément à raviver une flamme d'émotion nommé plaisir en moi.

Ils y croyaient tellement que je me suis lancée dans l'apprentissage du piano. Cela faisait désormais plus d'une dizaine d'années. Je me débrouillais, enchaînant les morceaux de Bach à Mozart, en passant par Beethoven. Mais je n'y prenais aucun plaisir. Je jouais pour mes parents, et ils priaient pour moi, nous étions quittes.
Après m'être habillée, je retrouvai ma mère dans la cuisine. Elle ne pouvait s'empêcher de me répéter comme chaque année :
- Alors ma chérie, prête pour la rentrée ?
Son sourire voulait laisser entendre une bienveillance assurée.
- Oui maman, dis-je en esquissant à mon tour un sourire.
Je me demandais à quand remontait la dernière discussion sans une once d'hypocrisie...Bien sûr, je ne m'en souvenais pas, c'était les jours où le soleil brillait encore pour mes parents, les jours qui précédaient ma naissance.
Ma mère baissa les yeux, comme si elle s'excusait à l'avance :
- Papa est partit tôt ce matin, il rentrera tard.
Tiens, elle semblait sincère cette fois-ci, son sourire hypocrite s'était effacé.
Mon père...Comme chaque jour. Je ne le voyais pratiquement jamais mais savais pertinemment qu'il voyait quelqu'un d'autre. Peut-être étais-je dépourvu de sentiment, mais je n'étais pas une idiote et trouvais tout simplement lâche de la part de mes parents de faire comme si de rien n'était et de me mettre volontairement un voile devant mes yeux. Ça ne me faisait ni chaud ni froid, alors comme toujours j'entrais dans leur jeu. J'espérais juste que s'ils avaient eu un autre enfant que moi, qu'ils ne le prendraient pas pour un parfait idiot. Je ne l'espérais pas pour mes parents, mais pour l'enfant.
- Ah bon...très bien.
Phrase habituelle, réponse habituelle. Je finis mon bol, puis le déposai dans le lavabo. C'était le seul : mon père n'était pas rentré hier soir. Ils auraient pu au moins faire semblant et rajouter un bol en plus dans l'évier. Puisqu'ils me mentaient, autant qu'ils le fassent bien.

Je déposai un baiser glacial sur la joue de ma mère et sortis de la maison. Une légère brise matinale salua mon infraction sur son territoire. Le vent s'engouffra dans mes cheveux et ceux-ci volaient et dansaient, libres comme l'air. Je n'aimais pas les voir, les voir libres et heureux ; car je savais pertinemment que moi, j'en étais incapable. Machinalement, je sortis un élastique de la poche de mon jean et arrangeai à ma manière une queue de cheval. J'avais en horreur mes cheveux, petits êtres insouciants, heureux de pouvoir jouer avec le vent. Ils faisaient parti de moi, il fut donc normal que je les déteste.

7h45. J'avais fait le trajet à pied. Parée de mes baskets, aucun chemin ne me faisait peur, enfin, façon de parler...Le désordre qui régnait dans le préau me sortit de mes pensées. Chaque année, le même rituel recommençait: diaporama d'une centaine de gamins se jetant dans les bras, bavardant, et originaires du chaos qui régnait en maître dans un espace qui, bien évidemment, laissait place à une multitude d'échos...J'aurais tout donné pour qu'on m'acheva sur place.

Il pleuvait. Assise près de la fenêtre sur une chaise qui avait du voir passer la grand-mère de notre principal, je voyais passer les heures qui s'enchaînaient, ponctuées par des présentations de professeurs dont je n'avais même plus le souvenir. Je soupirai et me laissai tomber en arrière, sur le dossier de ma chaise, les yeux fermés. L'année scolaire venait à peine de commencer et la lassitude commençait déjà à prendre le dessus. Faute de distraction, j'avais examiné chacun des visages qui composaient ma nouvelle classe. Tous les mêmes, tous amis...
- Heaven ! Heaven, tenez-vous bien, je vous prie!
La voix de Madame Lonest me ramena à la réalité. Ah oui, mon prénom, emplie d'ironie, lui aussi. Je soupirai a nouveau.
- Excusez-moi madame.
- Bien.
Elle se tourna vers la classe.
- Comme je vous le disais, je tenais à vous préciser quelques éléments avant de vous le présenter.
Mmmh, tiens, un nouveau?
- Il n'est pas tout à fait comme tout le monde; poursuit-elle. Il est atteint d'une maladie très rare qui le ronge de l'intérieur. Vous ne la verrez pas de l'extérieur, mais elle existe bel et bien. Quelqu'un aurait-il déjà entendu parler de mucoviscidose? Sa mort est hélas déjà programmée. Elle devrait normalement se faire d'ici un an environ. Il est sorti de l'hôpital pour pouvoir vivre pleinement ce qu'il lui reste à vivre. Il a lui même tenu à être scolarisé, "pour être comme les autres" a-t-il précisé. Alors je vous prie de l'accueillir comme il se doit.

..."Être comme les autres", ça me rappelait quelqu'un. Triste histoire je l'avouai, mais j'avais toujours cette pierre à la place du cœur, alors quand je voyais toutes les autres filles la larme à l'œil, je ne pouvais qu'en déduire que s'était effectivement une. Puis, Mme Lonest reprit plus fort :
- Vous pouvez entrer, jeune homme.
Et ce fut à peu près à ce moment précis que je perdis ma vue...


Dernière édition par le Sam 6 Oct - 19:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Chapitre 2   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 13:34

Heaven's Night~ 1053917968


Lorsqu'il entra dans la pièce, la lumière entra avec lui. Il était d'une si grande beauté que la perfection elle même semblait s'incliner devant lui. Ses cheveux étaient d'un lissage naturel encré d'un noir absolu. Volontairement en bataille ironisant leurs négligences, ils encadraient un visage indescriptible, tant ses traits semblaient épouser ceux d'un ange...et encore, l'ange en serait jaloux.

Sa démarche élégante et ferme ne faisait qu'attirer tous les regards, et un silence de cathédrale s'installa, comme si chacun avait peur de voir cet ange s'envoler pour toujours. Il s'arrêta près du professeur et ce fut à ce regrettable moment que je regrettais de m'être installé au fond de la classe. Mais la distance n'était pas une barrière à l'absurde beauté de cet être. Une personne se tenant à cent mètres de lui n'aurait pu échapper au halo de lumière qui émanait de lui.
Tous les regards étaient braqués vers lui, et le sien restait fuyant....Quand soudain, ce dernier se dirigea vers le mien. Oh mon Dieu, ces yeux....ses yeux étaient de cette couleur, cette couleur que j'aimais tant, la même couleur que celle de la lune: argentés. Un ange qui avait la lune pour yeux...Si ce n'était pas le paradis, ça y ressemblait fortement.

Mais que m'arrivait-il? Etait-ce cela avoir des « papillons dans le ventre »? En ce qui me concernait, « guêpes déchaînées » serait le terme plus exacte. J'aurais voulu me détacher de ces deux océans, mais je m'y accrochais de toutes mes forces. J'avais l'impression que c'était ma seule bouée de sauvetage mais je savais pertinemment qu'ils étaient à l'origine de ma noyade. J'en oubliai de cligner des yeux, et des picotements ne tardèrent pas à se faire ressentir. Mais je résistai, au point d'en avoir ...mal.

Je ne comprenais plus rien. J'avais peur, peur de tout ce qui m'arrivait, de ce que je "ressentais" à ce moment; peur de ce changement, et surtout peur de le voir s'envoler, lui, vers un endroit dont je ne portais que le nom.

Un sourire s'esquissa sur son visage, et chaque seconde qui passait m'incitait à m'évanouir, à mourir. Tout le monde bougeait autour de "nous", mais je n'entendais rien, ne voyais rien, à part lui, lui et son visage dévastateur. Si tout se serait écroulé autour de nous, je n'en aurais été que plus réjouie, car j'aurai eu comme dernière image de ce monde, la plus belle vision qui pourrait a elle seule déclencher l'apocalypse. Alors après un tel cadeau des cieux, ce serait m'honorer qu'on m'eut accordé le châtiment divin.

Les picotements se faisaient de plus en plus bel. Et je constatai avec horreur mes propres gestes. J'avais porté naturellement mes mains à mes yeux et les avais frotté pour que les picotements cessent...Acte totalement humain, mais qualifié de sacrilège face à une telle vision. Je le regrettai aussitôt. Avec le peu de vue qui me restait, je compris avec horreur qu'il avait disparu de mon champ de vision. Et...plus rien. Tout ce que j'avais ressenti à l'instant me semblait si lointain. Finalement, c'était mieux ainsi, j'étais comme j'étais, et rien ne pouvait changer cela...sauf lui. Qui était-il? Je ne connaissais même pas son nom. J'aurais du écouter tout à l'heure...Je m'attendis à ressentir quelque chose qui ressemblerait à du regret, mais rien. Je pris mon sac et le balançai sur mon dos. Il ne restait plus grand monde dans la salle, mais j'étais bien trop préoccupée de ce qui venait de m'arriver pour remarquer quoi que ce soit.

Il faisait chaud, malgré la pluie battante, j'avais donc les bras nus et ne tardais pas à regretter mon choix d'un léger débardeur. Je me faufilais entre les rangées de tables quand une main glaciale agrippant mon bras stoppa net ma lancée.
- Je te fais si peur au point que tu te mettes à courir?
Je me figeai sur place, pétrifiée. J'avais peur de me retourner et de retenter l'expérience de me noyer dans ses yeux. Ce que j'avais ressenti suffisait largement pour une seule journée, j'avais eu mon compte de nouveauté et j'aurais aimé m'enfuir le plus loin possible. Mais malgré cette telle dévotion, la plus grande partie de mon corps refusait de m'écouter. L'endroit où il avait posé sa main froide me brûlait comme si on s'était servi de mon bras pour allumer un grand feu destiné à ravager tout sur son passage. Je brûlais intérieurement, et son toucher ne faisait qu'embraser cet incontrôlable feu. Et cette flamme, après avoir parcouru tout mon corps s'empara de mes yeux. Combien de temps étais-je restée ainsi, me consumant de l'intérieur et pétrifiée comme si j'étais de glace?
- ...Je t'avoue que tu as un très joli dos, me dit-il.
Une nouvelle fois, je sentis comme un nouveau chaos au fond de moi, et sa voix...sa magnifique voix. D'une tonalité assez grave et pourtant qui surpasserait la plus belle des mélodies.
Je me retournai lentement et fis tout pour éviter ses yeux.
- Que me veux tu? soufflai-je
Je m'étonnai de savoir qu'il me resta encore assez de voix pour former des mots audibles.
- Juste voir tes yeux une nouvelle fois, sourit-il
Intriguée, je levai la tête, et mon regard fut tout de suite attiré par ses yeux comme un papillon vers une lumière.
- La dernière fois ne t'a donc pas suffi? le défiai-je
- Sache que jamais je ne me lasserais de la lumière qui émanent de tes yeux.
Je suffoquais, pourquoi me mentait-il aussi ouvertement?
-....Mes yeux? insistai-je

Il paraissait étonné de mon incrédulité. Il pencha légèrement la tête sur le coté, en me fixant toujours. Il semblait réellement surpris. Malgré moi, son petit geste de la tête ne faisait que grandir le feu enfoui en moi, pourtant déjà immensément grand. Il mit fin à son temps d'étonnement qui pourtant n'avait duré qu'une fraction de seconde. Là aussi je compris un peu mieux l'expression « si seulement les secondes pourraient être des heures », j'aurais bien passé ma vie à l'admirer. Puis, il me sourit de nouveau, redressant sa tête, ses cheveux accompagnant son geste.
- Tu n'es pas ordinaire, je le sens très bien.
Je préférais ne rien répondre à cela, surtout qu'il semblait ne s'être jamais vu, lui.
- Je ne suis pas ordinaire? le questionnai-je, et sur quoi tiens tu tes propos?
Il repencha aussitôt la tête sur sa droite mais cette fois ci, il ne sembla pas étonné, mais étrangement ...amusé. Ses yeux étaient toujours rivés dans les miens.
- Pourrais-tu me faire part de ton prénom?
Il ne répondait pas à ma question, et ma frustration commençait à se faire ressentir.
- ...Heaven, lâchai-je
- Heaven, répèta t-il. Et bien! Si c'est ça le paradis, je n'aurais plus peur de mourir!
Il se mit à rire...Son rire était une douce chanson. Ses mots résonnèrent dans ma tête... « Mourir »...Oh mon Dieu! Cet ange! Ce merveilleux ange! Il ne lui restait plus qu'une seule et misérable année sur cette pauvre terre indigne de le porter. Ma frustration laissa place à de ...l'inquiétude, enfin, si je pouvais qualifier ce que je ressentais comme tel.

Soudain, ma peur refit surface. Je voulais tout faire pour qu'il puisse rester, pour qu'il soit présent...avec moi. Je vis qu'il laissa retomber sa main. Non, je ne voulais pas! Il fallait que je trouve quelque chose à dire, n'importe quoi aurait fait l'affaire, mais vite. Il recula d'un pas. N'osant le toucher de peur de comprendre que je ne faisais qu'un beau rêve, je le retins par la parole.
- ...Et le tiens? tentai-je
- Pardon?
Il s'arrêta net, me fixant avec étonnement. J'avais réussi.
- Ton nom...
Je le suppliais presque du regard. Il se mit alors à sourire. Si seulement ce sourire pouvait être normal! Désormais, il était gravé en moi. Il me suffisait de fermer les yeux pour l'entrapercevoir.
- Night...je m'appelle Night Willeston.
- Night...répétai-je
Je ne savais pas quoi dire, son prénom ne cessait de résonner en moi comme une chanson qui repasse en boucle mais que notre coeur manque de s'arrêter de battre à chacun de ses passages. Night...je n'aurais pu trouver un prénom qui lui serait plus approprié que celui la. La nuit avait donné son nom à un ange, et cet ange se l'était approprié et lui donnait le nouveau sens de "magnificence".

Alors que j'étais encore perdue dans mes pensées, il se rapprocha d'un pas et ce fut à ce moment que je remarquai sa grandeur. Il avait au moins une tête de plus que moi, et j'étais obligée de lever les yeux pour continuer à m'enivrer de son visage. De son doigt, il leva légèrement mon menton, de façon à ce que nos yeux s'entremêlèrent. Il sourit de nouveau.
- Tu m'as demandé en quoi tu n'es pas comme toutes les autres, et bien, as tu souvent vu des yeux violets, toi? Souffla t-il
Mon cœur oublia de battre et j'affichais un regard d'incompréhension. Il se pencha de manière à atteindre mon oreille, nos cheveux se mêlèrent, et je ne cessai de m'enivrer de son odeur, une odeur qui ferait éclore toutes les plus belles fleurs du monde.
- ...Et j'aime le violet, me susurra t-il au creux de l'oreille.
Cette phrase dite, il se redressa, m'accorda un dernier sourire ravageur et s'élança en dehors de la classe, sans se retourner, et plus vite que je ne l'aurais cru. « Un ange passe » dit-on, et bien, je ne savais pas qu'il serait passé aussi vite...

Je n'ai pas, ou plutôt pu prononcer le moindre mot. Les questions se bousculaient dans ma tête. « Violets » ? Mes yeux étaient noirs ! Pourquoi mentait-il ?... « Pourquoi mentait-il ?» Je ne voyais pas en quoi cela m'avancerait de le savoir. La boule qui se logeait dans mon estomac avait totalement disparu. Au moins un avantage avec la première journée de cours, la matinée passée, on pouvait rentrer chez soi. Je sortis de la classe; bien entendu, je fus la dernière.

La pluie tombait toujours et son débit avait augmenté. Tant mieux, c'était ce dont j'avais besoin. D'un pas ferme, je traversai la cour. Quelques gouttes de pluie coulaient le long de mon visage. Je ne cherchais pas à me protéger de ces gouttes glaciales. Je marchais rapidement et sans m'arrêter. J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer et mon regard se perdait dans le défilé du trottoir. Je ne pensais plus a rien, j'avais besoin de laisser courir mon esprit librement.

Bientôt, j'arrivai au seuil de ma maison. Machinalement, je levai la tête et aperçu une demeure à la façade délabrée et qui laissait deviner une ancienne couleur qui se rapprochait du blanc cassé. Je gravis les marches qui menaient à la porte d'entrée. J'introduisis la clé et ouvris rapidement.
- Je suis rentrée ! annonçai-je
Je déposais les clés dans un récipient destiné à cet usage, et montai l'escalier qui conduisait à ma chambre. Il faisait encore jour et ma chambre était située côté est. Je posai mon regard sur la fenêtre de celle-ci. La lumière inondait la pièce. La pluie avait cessé et laissé place à un magnifique soleil. Je déposai mon sac trempé à terre et me dirigeai vers la salle de bain juxtaposée à ma chambre. Même si j'avais enlevé rapidement mes baskets dégoulinantes d'eau de pluie, mon pantalon laissait encore derrière lui des traînées d'eau sur le parquet. Ma salle de bain semblait proportionnée à ma chambre, exactement deux fois plus petite que l'autre pièce qui pourtant n'était guère grande. Je m'appuyai sur le rebord du lavabo et me fixai dans la glace. Hormis le fait que mes cheveux étaient témoin du passage de l'averse, mes yeux étaient définitivement noirs. Je me mordis la lèvre, j'aimais jouer avec, des fois au point même de la faire saigner tant je ne savais m'arrêter. Le sang...Pour moi, ce n'était q'un liquide chaud qui s'écoulait de mes veines. Je n'aimais pas son goût mais adorais sa couleur. Comme je ne sentais rien, je saignais souvent, ne sachant m'arrêter. Mais contrairement a ce matin, mais joues avaient légèrement rosies. Ça me frappait d'autant plus que c'était la première fois et que ça m'allait assez...bien. Je m'approchai encore plus près de la glace et frôlais ma joue gauche. Etait-ce à cause de ce qui était arrivé ce matin? Non, impossible. Ce phénomène devait être tout simplement le résultat de la froideur de la pluie et du fait que je me tenais près du radiateur. Je commençais à frissonner. Je me détachai du miroir et me déshabillai. L'eau chaude de ma douche s'écoulait le long de mon corps. J'avais l'impression que chaque goutte était porteuse de vie. Petit a petit, je commençais à me détendre. J'aurais voulu rester là toute ma vie.

20 h 15. Ma mère m'appela pour dîner. Je déposai mon livre sur mon lit et descendis à la salle à manger. Ma mère était assise en face de moi, un plat de pâtes posé sur la table nous séparant. Elle m'attendait.
- Alors cette journée?
- Comme d'habitude, répondis-je alors que je m'installais à table. Ma mère me regarda me servir, avide d'avoir plus ample d'information.
- Tu t'es fait de nouveaux amis?
Nouveaux ? Il aurait déjà fallu que j'en eusse un.
- Non maman.
Elle soupira.
- Tu sais très bien qu'avoir des amis est important pour ta vie sociale! Tu crois vraiment qu'en faisant aucun effort tu parviendras à t'intégrer? Il faut que...

Je me levai brusquement. Je ne voulais rien entendre d'avantage. Ce discours, je le connaissais par cœur. Des efforts, j'en avais fourni plus que n'importe qui. Et puis à quoi bon? Elle savait pertinemment que cela ne servait à rien. Le regard dans le vide, je m'en retournai et gravis l'escalier. Je sentais dans mon dos le regard désapprobateur de ma mère. Elle ne me retint pas. A quoi bon retenir une fille qui n'a jamais dit « je t'aime » à sa mère?
Je ne prononçais pas un mot. Je repris mon livre et m'affaissai sur le lit. J'essayais de reprendre ma lecture, mais n'y parvins pas. Je refermai mon bouquin et m'adossai contre le mur. Je me pris à examiner chaque recoin de ma chambre. Dans le coin à gauche trônait une énorme bibliothèque où demeurait une centaine de livres aussi divers par leurs couvertures que par leurs histoires. A côté se trouvait mon bureau, vide, sans photos ni lettres, un bureau sans vie, comme son propriétaire.

La fenêtre restait ouverte, et une légère brise s'engouffra. Le vent caressa ma joue. Je fermai les yeux quelques instants, le temps de profiter pleinement de ce moment de sérénité. Puis, je repris mon inspection. Les rideaux semblaient être aussi légers que le vent et ses ondulations me faisaient penser à la mer, à la seule fois où je m'y étais rendu. J'étais alors à peine âgée de cinq ans. Je me rappelais de cette étendu d'eau bleue. Et, alors que les enfants de mon âge s'amusaient à faire des châteaux de sable, je ne songeais qu'à me plonger entièrement dans cet étendue et à me laisser me noyer...me noyer, comme je l'avais fait ce matin. Lui...Je revoyais son entrée, sa démarche, son visage et ses yeux. Je secouais la tête pour me sortir de mes pensées. Je me refusais de penser à lui. Je me levai et éteignis la lumière. Je croyais que je serais plongée dans l'obscurité totale, mais je me trompais. La nuit était tombée et la lune avait fait son apparition. Je m'approchai de la fenêtre encore ouverte, et m'appuyai sur son coté. Je fixai intensément la pleine lune et me ravivais de ses halos. Et je le revoyais, lui, encore et toujours.

Il est difficile d'ignorer quelqu'un qui porte en lui toute les facettes de la nuit et de cette lune que vous aimez tant. Il m'intriguait et ne savais pourquoi il était à l'origine de tous ces changements en moi. Une bonne dizaine de minutes ont défilé ainsi et je ne tardais pas à regagner mon lit. Je m'étais alors persuadée que tout cela n'avait été qu'un doux rêve, un rêve où je vivais, et que je ne tarderais pas me réveiller. Avec cette certitude présente en partie pour me rassurer, je ne tardais pas à m'endormir.
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:48

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6 h 59. Je me tirai lentement de mon sommeil, sans rêve, comme toujours; je ne rêvais jamais. Machinalement, je me étais préparée sans un mot et, je me trouvais déjà devant la porte d'entrée la demi heure qui suivait.
- Tu ne prends pas de petit déjeuné ?
La voix de ma mère me parvint avant que je n'eusse posé poser ma main sur la poignée de la porte.
- Je n'ai pas faim ! Répondis-je en claquant la porte derrière moi.

Et c'était vrai, je n'avais pas faim, ni soif non plus. Rien ne me manquait. Enfin, c'était ce que je croyais. Je marchais à vive allure jusqu'à la moitié du chemin où je m'arrêtai net. Je l'avais totalement oublié jusqu'à ce moment. La rue était déserte, alors pourquoi ? Je commençais à vaciller. Mon regard se brouilla et ma vue se troublait de plus en plus, jusqu'à ce que je tombe dans un gouffre noir comme la nuit.
- Heaven, Heaven !
Une voix lointaine me parvenait, mais je n'arrivais pas distinguer si celle-ci était masculine ou féminine. J'éprouvai soudain le besoin d'ouvrir les yeux, comme un électrochoc qui me rappelait à la réalité. Mais c'était au dessus de mes forces.

La voix s'était tue, quand tout d'un coup, je sentis quelqu'un me soulever, doucement, mais avec fermeté. J'entendais un fond sonore, comme des murmures qui résonnaient et parvenaient à mes oreilles. Mais plus je sentais le vent sur ma peau, plus ces voix se faisaient lointaines ; on avançait. Où m'emmenait-on ? J'étais avec un parfait inconnu et ce genre de situation est loin d'être recommandable. Dans un élan d'effort surhumain, j'entrouvris les paupières et tombai nez à nez sur un torse dénudé, d'une blancheur immaculée.

Je le reconnu tout de suite. Je levai la tête alors enfouie dans son bras qui semblait être sculpté dans de la neige d'une finesse inégalable. Il avait le regard fixé devant lui, et semblait ne pas avoir remarqué mon réveil. Je ne pus m'empêcher de contempler encore et toujours les traits de son visage. Il semblait si sérieux. Et ce fut à ce moment précis que je compris qu'on avançait beaucoup plus vite que je ne l'aurais cru, il courrait. Ses somptueux cheveux témoignaient de la présence du vent due à la vitesse. Ils miroitaient, tels des milliards de diamants au soleil. Le contraste entre cette blancheur éblouissante et la noirceur de ses cheveux était d'une beauté à couper le souffle. Et ses yeux, tels deux lunes ayants pour fond un bleu azur dépourvu de nuage.

Il serrait les lèvres, et un soupçon d'inquiétude se lisait sur son visage. Courrait-il ainsi pour moi ? Je me pris alors à « espérer » ; étrange sentiment parabolicité par une fragile flamme se tenant près du bord d'une rivière près à l'avaler à la moindre vaguelette. Mon admiration avait pris le dessus sur mon gène occasionné. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux, enregistrant les moindres traits, les moindres parcelles qui composaient ce doux visage. Je remarquai alors que Night portait à son oreille gauche une croix, en argent semblait-il, et d'une finesse qui laissait deviner une virilité à toute épreuve, exactement comme les courbes de son corps... Inconsciemment, mes yeux s'aventurèrent le long de son cou, long et défini, puis glissèrent sur ses épaules. Elles étaient larges et robustes, mais reflétaient encore la juvénilité requise à son âge; et finalement, s'arrêtèrent sur son torse... Aucun mot n'aurait pu qualifier ce que je ressentis à ce moment précis, un mélange entre admiration et la conviction d'un rêve éveillé. La perfection elle-même fut remise en cause. Ses muscles paraissaient durs comme de la pierre, mais auraient pu apaiser n'importe qui par l'étrange douceur qui s'en dégageait. Ils façonnaient le corps d'Apollon réincarné en Night.

Rythmée par ses pas rapides et sa respiration régulière, je m'enivrais de son odeur qui mélangeait le sucré et le salé, deux valeurs totalement opposées, mais qui donnaient naissance à un parfum unique, et propre à lui. Je ne cessais d'inhaler, ma tête toujours posée auprès de son torse. Le bonheur existait donc...
Je ne savais combien de temps j'avais passé à m'extasier et a profiter de chacune de ses respirations, mais il finit par baisser les yeux et, découvrant mon réveil, stoppa net sa course. Je m'étais trop habituée aux bercements de ses pas que j'en fut déstabilisée. Mais il me retint instinctivement, et avec fermeté. Il me fixait intensément, sa tête penchée, avec cette même expression d'étonnement, comme lors de notre dernière rencontre. Ses cheveux, entraînés par la gravité balayaient ma vision et quelques unes de ses mèches me caressaient le visage. J'aurais voulu passer ma main dedans et redécouvrir ce qu'était la notion de douceur.
Quelques secondes s'écoulèrent et il m'accorda son si précieux sourire comme on accorde à un condamné sa sentence qui le conduirait irrévocablement à sa perte.
- Tu es donc réveillée, dit-il avec un semblant de soulagement.
- Que...Night...balbutiai-je.
Il se mit à rire, de son rire si mélodieux.
- Et bien, tu te souviens de moi, c'est déjà un bon point, sourit-il, ne me fais aussi peur la prochaine fois ! Je ne serais pas toujours là à te rattraper lorsque tu t'évanouiras !
Me rattraper ? Mais pourtant, j'étais persuadée que la rue était déserte. Enfin, la nature arrivait à façonner un être qui dépassait la perfection, alors plus rien de m'étonnait.
- Dis moi Heaven, commença t-il.
J'eu un moment de recul. Il a du le sentir car il s'arrêta net dans sa phrase. Il fit de nouveau le même geste interrogateur.
- Qu'il a-t-il ?
- Rien ...C'est juste que, mon prénom...Je ne mérite pas qu'il soit prononcé de ta bouche, avouai-je gênée, en détournant les yeux. Je regrettais d'avoir laisser transparaître mes sentiments. Il était réellement surpris et l'incompréhension se lisait sur son visage.
- Ton nom ? Mais c'est le plus beau nom qui existe sur Terre, et même que dis je, du paradis !
Il avait fini sa phrase dans un murmure et dans un sourire.
- Alors veux tu que je te dépose à l'infirmerie ou peux tu marcher ?
Ce fut alors que je compris qu'il me tenait toujours dans ses bras et remarquai la chemise blanche posée sur mon corps. Night suivit mon regard et s'expliqua :
- J'avais peur que tu attrapes froid.
Je ne dis rien et mes yeux glissèrent de la chemise à son torse nu. Malgré la bouffée de chaleur qui montait dangereusement à mes joues, j'essayais de présenter un air d'indignation.
- Et toi ? m'étranglai-je.
Ne t'en fais pas, te voir suffit à maintenir la chaleur de mon corps, dit-il avec un léger sourire au coin des lèvres.

La bouffée se transforma en immense brasier. Il avait un charme fou, et il savait en jouer. Et moi, en pauvre victime que j'étais, je ne pus échapper à la règle.
- Alors, peux tu marcher ? reprit-il
- Oui, merci.
Il me déposa à terre avec douceur. Je lui tendis sa chemise. Elle était totalement repassée, sans aucune trace de froissure, et j'aurais juré qu'elle était neuve. Il me remercia à son tour et la revêtit. On aurait dit un ange qui déployait ses ailes. Sa grâce était démesurée, et les rayons du soleil le faisaient resplendir. Je manquais de m'évanouir de nouveau. Alors qu'il reboutonnait son vêtement, il me dit :
- Allons tout de même à l'infirmerie, il en va de ta santé.
Et ceci dit, il reprit sa marche en direction du lycée. Sa démarche était la même que la fois où je l'avais vu entrer dans la classe, toujours aussi envoûtante.

S'apercevant que je ne le suivais pas, il se retourna, s'avança en ma direction et, le visage lourd, il me souleva de nouveau dans ses bras avec une facilité déconcertante.
- Faut il réellement que je te réapprenne à marcher ? me taquina t-il.
Il ne se doutait pas que si j'avais eu à répondre, j'aurais sûrement acquiescé. Je pouvais marcher, mais quitte à passer pour une handicapée, je préférais largement mourir dans ses bras.
- Tu sais, il ne faut vraiment pas sauter les repas, ce n'est pas bon pour ta santé ! De plus, tu pourrais au moins peser un peu plus lourd qu'une plume, ça devient trop facile de te porter, s'exclama t-il.
- Alors pourquoi me portes tu ? ne pus-je m'empêcher de dire.
- Parce que j'aime les plumes, sourit-il.
Je n'eus pas le temps de répondre, nous nous trouvions déjà devant l'infirmerie. A cette heure matinale, personne encore ne sillonnait les couloirs du lycée, mais l'infirmerie ouvrait tôt.

A bout de bras, il toqua à la porte. L'infirmière assise à son bureau s'étonna de nous voir, enfin de le voir. Elle ne cessait de le dévisager, avec ce petit air de curiosité mêlé à de l'admiration...Enfin, je dis bien admiration d'après ce que je pouvais voir : des yeux écarquillés et une bouche grande ouverte.
- Que...Que puis-je pour vous, jeune homme ? bafouilla t-elle.
- Oh, mais ce n'est pas pour moi ! Je vous apporte juste cette jeune demoiselle qui s'est évanouie sur le chemin.
Je sentais la déception dans le regard de la jeune infirmière. Mon bienfaiteur lui adressa un sourire ravageur, puis celle-ci se ressaisit.
- Ah, bon, très bien. Déposez la sur ce lit.
Night s'exécuta sans un mot, puis regagna la porte. Dans un dernier regard, il me dit :
- A tout à l'heure, Heaven, et tache de ne plus t'évanouir devant mes yeux, ou je pourrais la prochaine fois succomber à l'envie de te manger toute crue !
Cette phrase dite, il referma la porte derrière lui, me laissant plus seule que jamais.
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:50

Chapitre 3
2/2





Je sortis de l'infirmerie. L'infirmière m'avait donné un sucre et le conseil de ne plus jamais sauter un petit déjeuné lorsque la veille n'avait été en rien porteuse de glucide. Je pris soin de refermer doucement la porte. J'avais commencé ma marche, le regard dans le vide lorsque je percutai de plein fouet quelque chose de solide. Le choc fut tel que je fus projetée en arrière. J'eus le temps d'entrapercevoir le regard moqueur de Night dans ma chute. Lorsqu'il s'aperçut que j'étais à terre, il manqua de se décomposer et se précipita à mes cotés.
- Oh pardon, je suis vraiment désolé, je pensais que tu allais t'arrêter! Tu n'as rien?
Sa voix se cassait et son inquiétude se fit de nouveau ressentir.
- Non, rien de cassé, répondis-je en me massant le front. Je m'arrêtai net lorsque je compris que j'avais percuté son torse. Je sentis çà nouveau mes joues s'enflammer. Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Je ne la pris pas; à chaque contact de son corps, je prenais un coup violent, physiquement comme à l'instant, mais surtout psychologiquement. Je devais me contrôler, alors j'évitais toute approche.
- Ca ira, merci.
A l'aide de mes mains, je me redressais aisément et dépoussiérai mon pantalon. Soudain, une question se matérialisa dans ma tête:
- Au fait, que fais tu là ? C'est l'heure du cours de biologie.
Je regardai aux alentours, les couloirs étaient déserts.
- Je m'inquiétais, alors je t'ai attendu.
- On ne sèche pas un cours parce qu'on est inquiet ! m'écriai-je.
- Non, tu as raison, mais lorsqu'il s'agit de toi, si.
De nouveau, je ne sus quoi répondre. Se rendait-il compte de ce qu'il disait ? Il faudrait qu'il fasse plus attention à tout ce qu'il dit, il pourrait sans le vouloir être la cause de quelques morts.

Il s'adossa au mur puis se laissa tomber et reprit :
- De toute façon, les cours ne me serviraient à rien!
C'était vrai, à quoi bon étudier si ce n'était pour s'assurer un avenir? Je devais me résigner qu'il ne lui restait plus qu'une année. Je m'approchai et m'assis près de lui. Je prenais le risque de m'approcher, je le savais, mais à cet instant, je m'en fichais pas mal.
- Tu as raison, et à moi non plus, soupirai-je.
Il avait le regard fixée devant lui et n'avait même pas ciller lorsque je vins m'asseoir. La lumière du couloir était automatique et, comme aucun de nous ne bougeait, ne tarda pas à s'éteindre, restant à l'affût de tout mouvement à venir. L'obscurité installée, je me sentis plus à l'aise. Je pris bon de le questionner:
- Dis moi, m'accorderais tu une question?
Il ne répondit pas tout de suite, comme pour profiter du silence. Mes yeux, habitués aux ténèbres m'informèrent que les siens étaient clos. Finalement, il me répondit:
- Je t'en prie.
- Pourquoi? Pourquoi diable t'es tu scolarisé?
- ... Peut être parce que je voulais avoir cette sensation d'être un adolescent normal...Ce qui implique tout naturellement le lycée.
Je me pris à fixer sans réellement voir l'extincteur en face de moi et laissai échapper un long soupire.
- Pourquoi cette question, et pourquoi ce soupir? A quoi penses tu?
- Je me disais que finalement, on se ressemblait beaucoup. Beaucoup plus que je ne l'aurais cru.
- Ah ça, je le savais déjà! dit il d'une voix enjouée.
- Comment...?
- Je le sais, c'est tout! A vrai dire, j'ai cet espèce de sixième sens qui me permet de comprendre tout de suite les humains par leurs yeux, et ce que ceux ci me disent. Ne me demande pas d'où ça vient, moi même je n'en sais rien. C'est en partie la cause de mes difficultés à me lier d'amitié avec les autres adolescents de mon âge. Au premier regard, je découvre qui ils sont vraiment, à travers les apparences, et rares sont ceux qui possèdent un réel bon fond.
- Je vois...Et que disent mes yeux?
- Et bien, dit-il en se tournant vers moi, le regard triomphant, je ne pourrais te le dire. Je n'avais vu ça auparavant, une sorte de sensation unique que j'aimerai connaître d'avantage. Je te tiendrais au courant dès que je saurais!
Il avait retrouvé sa bonne humeur.
- A mon tour! s'exclama t-il brusquement.
- De quoi? l'interrogeai-je non sans cacher mon étonnement.
- A mon tour de te poser une question!
Il semblait si heureux que cela me parut étrange.
- Je ne pourrais refuser, lâchai-je en grimaçant en dépit de mon naturel pudique.
- Dis moi, pourquoi ne t'ai-je jamais vu sourire, ne serait ce qu'une fois? me demanda t-il en retrouvant son air sincère. Il ne souriait plus. Je ne m'attendais pas à cette question et mis du temps à formuler ma phrase. Je préférais lui mentir que de lui dire la vérité, que j'en étais incapable.
- Je n'en vois pas l'intérêt.
- Oh, je vois...
L'avais-je blessé? Pour rien au monde j'aurai voulu érafler ses magnifiques ailes d'ange.
- Tu sais, reprit-il, mon père a quitté la maison en apprenant que ma mère était enceinte de moi, et celle ci mourut en me donnant la vie. J'étais et je resterais l'enfant que personne n'avait souhaité. Mon existence est une véritable erreur de la nature. Je porte sur mes épaules le poids de ces deux « morts »; et sans mon oncle, je ne serais sûrement plus de ce monde depuis longtemps. Mais même pour mon oncle, je ne suis qu'origine de malheurs. En pauvre homme au grand cœur qu'il est, il ne peut que s'en remettre à la promesse idiote qu'il avait faite à ma mère de toujours veiller sur moi. Ca doit être maintenant un soulagement pour lui de savoir que tout va s'arrêter d'ici un an.

Je l'écoutais attentivement, avec admiration et effroi devant un tel passé. Je l'écoutais se dévoiler, montrer une page de sa vie resplendissante de pureté à l'être impure que j'étais. Puis il s'arrêta un instant et se tourna encore une fois vers moi. Il esquissa un sourire indéniablement forcé et ses yeux reflétaient l'incroyable tristesse qui se cachait au fond de lui.
- Tu voudrais savoir pourquoi je t'ai demandé pourquoi tu ne souriais pas? Et bien, je sais de mon oncle que ma mère non plus ne souriait jamais, toujours le regard vide, dénué de vie. Lorsque mon oncle me dit cela, ce fut comme une révélation. Petit, je m'étais renfermé sur moi même et ne cessais de me répéter que tout était de ma faute, et du coup, moi non plus je n'aimais pas sourire. Et c'est à cette époque que mon oncle jugea bon de me comparer à ma mère. Et depuis, je ne cesse de me cacher sous un faux sourire, donnant l'illusion d'un bonheur omniprésent à tout ceux que je croise alors que je ne vois que dans leurs yeux une profonde lassitude de la vie. Ce monde est mal fait, tu ne trouves pas?
- Oh que oui...
Un nouveau silence s'installa. Night cachait bien des choses, et j'appris en cette matinée beaucoup plus de choses sur lui que je ne savais sur moi. Et je voulais rester ainsi à l'écouter pour le connaître tout entier et l'apprendre par cœur. Il enfouie sa tête dans ses bras, accroupi et semblant plus fragile qu'une fleur prête à perdre toutes ses pétales.
- Quelque part, je cherche en toi ce que je ne pus trouver en ma mère...murmura t-il, ses bras faisant remparts à sa voix.

Avant que je n'eusse dit un mot, la sonnerie retenti, annonçant la fin des cours. La lumière s'alluma et m'aveugla au passage. Je ne pus que desceller les derniers mots que m'adressa Night:
- Je te dis au revoir, Heaven.
Et je compris de suite qu'il s'était volatilisé parmi la masse d'élèves sortant des cours, plus indésirables et détestables que jamais. J'étais totalement sonnée. J'eus du mal à me relever et à comprendre où je me trouvais. Mais petit à petit, je retrouvais mes esprits. Le cours de Madame Lonest allait commencer.

Arrivée au seuil de la classe, j'eus un moment d'hésitation. Mais sachant qu'on ne pouvait échapper à son devoir, je me forçai à franchir cette barrière invisible que je m'étais moi même imposée. Je pris ma place habituelle au fond de la classe. Puis, le silence retomba, le cours allait débuter. Bien entendu, je n'arrivais pas à me concentrer. Après tout, comment pouvait-on se concentrer après ce que je venais de vivre? Je voyais les lèvres de l'enseignante bouger mais aucun son ne me parvenait. Laissant tomber le déroulement du cours, je remarquai la place vide qui se situait elle aussi au fond, mais à l'opposé d'où j'étais. Je regardais autour de moi, Night s'était absenté, et sa place semblait plus inerte qu'elle n'avait jamais été.

Je soupirai, où donc était-il allé? Soudain, la voix de Madame Lonest me parvint, comme si on avait augmenté le son d'un vieil récepteur radio. Le brouillard qui régnait dans ma tête s'était dissous et je voyais de nouveau clair. Je jetais à nouveau un regard à la chaise vide d'en face, mais je ne ressentis rien. Mes sentiments s'étaient à nouveau envolés.
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:52

Heaven's Night~ 1054011026
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12h05. Pause déjeuné. La cafétéria grouillait de monde. Plantée dans la file d'attente, je regardais défiler devant moi des entrés, des plats et des desserts, certes nombreux, mais tout particulièrement ressemblants. A croire qu'il n'existait qu'un seul menu, et que malheureusement pour nous, nous l'avions déjà commandé, faute de mieux. Il faut dire que le choix était complexe. Je me contentai d'une bouteille d'eau et d'une salade. Et encore, la salade, c'était pour éviter de devenir anorexique. J'avançais dans la cafétéria, et je m'attardai sur le décor des lieux. Le beige dominait toutes les autres couleurs, à croire q'ils n'avaient plus que cela en stock lors de la construction de cette salle indéfiniment créée pour assouvir la vengeance du principale qu'était très certainement d'enfermer une centaine d'élèves affamés dans un espace non approprié à leur nombre et au bruit. Résultat, je m'arrêtai net, comprenant que j'entrai de mon plein gré dans cette salle de torture. Me résignant, je déposai mon plateau quasiment vide sur la première table vide qui apparu dans mon champ de vision. Pas question de faire ne serai-ce qu'un pas de plus. Je me laissai tomber sur la chaise et soupirai, la tête entre les mains. Je me pris à regarder intensément la bouteille, et indéniablement, ses reflets me firent penser aux éclats provenant de Night. Même si je devais avouer qu'il n'avait jamais vraiment quitté mon esprit.

Je levais ma tête et entrepris de le chercher parmi la masse d'élèves agités, par simple curiosité. Mission suicidaire et vouée a l'échec. Je ne le trouvai pas. Je finis rapidement ma salade et vidai ma bouteille. Je déposai les restes et mon plateau sur le tapis roulant qui conduisait aux pauvres cuisiniers qui n'avaient sûrement pas choisi ce métier.

Même si mon lycée possédait de nombreux inconvénients, il avait néanmoins la qualité d'être particulièrement grand. Il faut dire que Reiraxalon, le village où je suis née, était assez excentré de la ville. Mon frugal repas englouti et face au temps libre qu'il me restait, j'entrepris de m'aérer un peu l'esprit en me promenant dans le petit parc privé de l'établissement.

« Après la pluie le beau temps ». Je ne savais pas s'il fallait chercher un sens profond à ce proverbe, mais dans le cas du concret, celui ci était bien réel. Il avait plu la veille, et aujourd'hui, le ciel me témoignait de sa clémence. Il ne dévoilait pas le moindre nuage et offrait une étendue de bleu immensément grand. Le vent soufflait de temps en temps, découvrant le gracieux chant que faisait la brise entre les jeunes arbres. Je regardai autour de moi, le parc semblait inhabité. Rien d'étonnant, vu l'heure.

Je me dirigeais alors vers un arbre qui étrangement m'attirait. Ma main se posa délicatement sur son tronc, et mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes. Le vent caressait ma peau. Même si l'automne avait débuté, l'été se faisait encore ressentir. J'avais pour habitude de me tenir face au vent, de rester là en silence lorsque celui ci frappait à ma porte. Et chacun de ses moments me ravivait, me donnant l'illusion que quelqu'un ou quelque chose avait conscience de mon existence, et que quelque part, j'existais bel et bien. Ce fut alors que je me rendis compte que "j'aimais" ces moments, ils m'étaient capitaux.
Soudain, l'enclenchement de ce qui semblait être un appareil photo se fit retentir. Prise au dépourvue, j'ouvris instinctivement les yeux. Night...Night se tenait devant moi, un appareil photo de haute qualité dans les mains, et un sourire amusé sur les lèvres. J'ouvris la bouche, mais aucun son n'en sortit. J'aurais voulu me mettre en colère, lui faire comprendre que je ne trouvais cela en aucun cas "amusant"; mais je restais définitivement muette.

Le vent souffla de nouveau, et comme Night se tenait face à moi, il se prit le vent de derrière. Mais, tenant fermement l'appareil, cela ne semblait pas le déséquilibrer, ni même le perturber...Moi, si. Ses magnifiques cheveux venaient tels des vagues de douceur se coller et se décoller de son doux visage. Il portait un léger pull en V noir, sans manche, laissant place à ce niveau à une chemise d'un blanc pur en dessous. Son pull épousait le haut de son corps, révélant la forme de son torse sculptural que je connaissais déjà. A commettre un pécher, autant en commettre plusieurs, on s'habitue facilement au goût du fruit défendu. Et le tout, accompagné d'un jean noir assez large, témoignant lui et sa chemise du passage de cette brise éphémère.

Je voyais encore étinceler cette fameuse croix en argent parmi ses cheveux en bataille. Malgré l'appareil faisant barrage à son visage, il était d'une beauté exquise et je me réjouissais intérieurement de connaître une nouvelle facette de la beauté unique d'un ange. J'étais là à m'extasier lorsque je compris avec horreur que l'objectif pointait vers moi. Avant que je n'eusse fait un mouvement, il avait déjà enclenché l'appareil.
- Tu es magnifique, sourit-il.
Il leva enfin la tête de l'appareil, abaissant celui ci et le laissa pendre à son cou, rattaché à l'aide d'une lanière. Je ne m'étais toujours pas habituée à son visage, et la colère qui grandissait en moi s'évanouit d'un coup. Je fis une mine de dégoût, j'étais pitoyable.
- Je ne suis pas du tout photogénique, lâchai-je, et je te préviens à l'avance que tu viens de gâcher une photo.
- Tu le prends ainsi? Et bien, si au moins tu savais combien de photos aurai-je pu « gâcher » depuis que je te connais, rit-il.
Sa phrase était emplie d'ironie et je ne tardais pas à en comprendre le sens réel. Le fait de savoir que ce n'était pas la première fois qu'il me prenais en photo à mon insu me monta le rouge aux joues; et de comprendre que je ne m'étais rendu compte, ni même soupçonné raviva ma colère, mais à mon égard cette fois ci. Comment aurai-je pu penser être un jour prise comme modèle, et encore moins par un ange!
- Je ne veux plus que te voir me prendre en photo!
Je savais que je me mentais à moi-même, et Night dû le ressentir car il ne me prit pas au sérieux.
- Alors je ferai de tel sorte que tu ne puisses pas me voir la prochaine fois! répliqua t-il.
Il avait toujours réponse a tout, c'était incontestable, et il était maître en la matière de savoir me procurer des sensations, sans que je ne sache comment, ainsi qu'une multitude de faux espoirs. Je le tuerais pour ça, je me tuerais pour lui...

J'en fus déstabilisée et je ne trouvai rien de mieux que de détourner mon regard. Prêtant enfin un peu d'attention à ce qui m'entourait, je découvris l'arbre sur lequel ma mains s'était posée instinctivement. Alors que tous les arbres voisins se tenaient droits comme des "i", lui seul poussait avec un tronc difforme, n'ayant aucune loi ni règle. Il était unique...J'étais unique, et Night était unique. Voilà peut être la raison du fait que nous nous tenions là tous les trois, côte à côte. Trois êtres uniques pour une terre qui ne voulait plus rien qui sortait de l'ordinaire. Nous étions bannis, mais nous étions déjà en enfer.

Cet arbre m'avait attiré jusqu'à lui, tout comme Night était parvenu à moi. Et tout deux dégageait une attraction hors du commun. Je fixai le haut du tronc, à moitié étonnée et l'autre en admiration. Le vent souffla de nouveau, et je sentis celui-ci caresser ma peau, ainsi que les feuilles pour la plupart encore vertes. J'en déduisis que Night suivit mon regard et j'aurai juré qu'il eu un sourire du coin des lèvres, car il m'extirpa de mes pensées:
- Pourrais-tu me garder cet appareil le temps que je te montre quelque chose? me demanda t-il en me tendant son appareil photo.
- Bien sûr, répondis-je.
Et je pris son précieux objet entre mes mains indignes et je fus étonnée de son poids. Je n'étais pas une grande spécialiste, mais ce que je tenais entre mes mains valait sûrement plus cher que mon propre piano. Il n'eut pas le temps de remarquer ma mine étonnée car avant que je ne pus ciller ne serait-ce qu'une seule fois, il se tenait déjà sur l'une des branches de l'arbre, à plus de cinq mètres du sol; et ce, sans aucune difficulté.
Night veilla à ce que toute mon attention soit portée sur lui. De toute façon, comment faire autrement?
- Regarde bien, finit-il par dire.
Je le regardais interloquée détacher avec une facilité insoupçonnée un bout d'écorce et je compris que l'arbre n'allait pas aussi bien que l'on pourrait croire. Je n'en revenais pas, pourtant, il semblait en parfaite santé, à la vue de son tronc apparemment encore solide et ses feuilles respirant la chlorophylle.
- Je te présente un ami. Délaissé par tous, il en est devenu malade. C'est la première chose que j'ai remarqué, à par toi, à mon arrivée ici. Et tu sais quoi? Il ne lui reste plus qu'un an avant qu'on ne le coupe définitivement.
Son regard reprit cette expression de tristesse sans égal que je lui connaissais déjà. Je me mordis la lèvre.
- Pourtant, vu de l'extérieur, il ne semble pas aussi atteint, analysai-je.
- Heaven, me répondit-il sérieusement, ne te fis jamais aux apparences.
Cette phrase lourde de sens dite, il quitta sa place haut perchée et se laissa tomber pour atterrir un pied et un genou à terre. Ca n'avait duré qu'une seconde, mais je m'étais parfaitement imprégnée ses vêtements, ses cheveux et sa croix s'échappant un bref instant à la loi de la gravité. Mais surtout, il ne m'avait pas quitté des yeux tout le long de son saut, se fichant totalement d'où il allait atterrir et sachant très bien qu'il ne perdrait pas équilibre. Il se releva doucement me reprit son appareil photo des mains, et me demanda:
- Dis moi, crois-tu que cet arbre est mort?
- Euh... oui, enfin, d'après ce que je viens de voir, bredouillai-je.
D'après son expression, je compris de suite que ce n'était pas la réponse qu'il attendait de moi. Il se retourna et me fit dos. Une nouvelle brise fit voler ses cheveux, et emporta à moitié ces trois mots:
- Non...Pas encore, souffla t-il.
Puis il ajouta froidement:
- Va, tu as cours, n'est ce pas?
Je compris que ma présence devenait indésirable. Et je repartis sur mes pas, le laissant ainsi au pied de ce malheureux arbre.

Plus je m'éloignais, et plus mon esprit s'éclaircissait. Je ne cessais de penser à cet arbre et, bien entendu, à Night. Je compris enfin où il voulait en venir. « Crois-tu que cet arbre est mort? - Euh, oui..."»...Quelle sotte j'étais! Il se comparait à l'arbre, et moi, tout ce que j'ai trouvé à répondre, c'était un bafouillage pathétique. Autant que je lui dise d'emblée "Ouai, t'es mort, et alors? Tu veux que je t'enterre en plus?" J'étais détestable. Si on m'avait donné la possibilité de revenir en arrière et de tout effacer, je l'aurais prise sans une once d'hésitation... C'était donc cela ce que l'on appelle « le regret »? Un sentiment que l'on ressent au moment où l'on vient de comprendre qu'on venait de tout perdre. Pitoyable ce sentiment, et pitoyable celle qui le ressentait à ce moment précis.
Je me trouvais déjà devant la porte de ma classe lorsque je décidai de retourner pour m'excuser. Night avait au moins la chance de pouvoir assister aux cours comme bon lui plaisait. Tant pis, je le retrouverais à la fin de la journée. Cette décision en tête, je franchi la porte.
La fin des cours se passa sans que je ne pense réellement à Night, suivant et écoutant les cours qui se succédaient. Je n'avais plus qu'un vague souvenir de ce qui s'était passé a l'heure du déjeuné et le pressentiment que je devais à tout prix aller sous l'arbre. La sonnerie retentit annonçant la fin de la journée. Le bruit continua son chemin, passant de classe en classe, et d'étage en étage. Je sortis précipitamment de ma classe, sans attirer le moindre regard, une habitude.

Enfin, c'était ce que je croyais. Une voix masculine retint mon pas:
- Heaven? Heaven Denstal?
Je m'arrêtai net au son de mon nom. Ce n'était pas la voix de Night, beaucoup trop juvénile pour lui être semblable, même si celle ci était d'un ténor exquis.
- Joli dos, poursuivit-il
J'étais pétrifiée, et n'osai encore moins me retourner. Cette réplique, je ne la connaissais que trop bien. Puis, laissant échapper quelques secondes à l'espace temps, je daignai me tourner vers mon interlocuteur.

Je crus que mon cœur allait cesser de battre. Night?...Non, ça ne pouvait pas être lui, ses yeux, bien qu'ils fussent d'une beauté rare, noirs encré reflétaient tout, sauf l'identité de Night. Pourtant...pourtant il avait les mêmes traits, la même peau, presque le même visage. Ses cheveux encrés eux aussi étaient un peu plus courts, relevés par derrière, maintenus en pics. Sa stature était très certainement plus petite, ne me dépassant que de quelques centimètres. Il portait un léger sweater noir ainsi qu'un bas assorti. On aurait dit le portrait craché de Night, en plus jeune très certainement. Il lui ressemblait parfaitement, hormis ses yeux et son sourire. Un sourire d'une arrogance insoupçonnée et détestable, un sourire que je n'avais jamais vu s'esquisser sur le visage de l'ange que je connaissais.
- Et bien, je ne savais pas que mon frère avait si bon goût! ricana t-il.
« Frère »? Tout s'expliquait, j'aurais du m'y attendre. Ainsi, Night n'était pas fils unique, il avait un frère, plus petit que lui d'après mon analyse, et définitivement plus arrogant. Ses yeux pétillaient et sa bouche s'étirait en un sourire à n'en plus finir.
- Salut Heaven. Enchanté, je m'appelle Ethan Willeston, se présenta t-il en me tendant la main.
- Heaven Denstal, lui répondis-je en lui tendant ma main en retour.

A mon étonnement, il la retourna et me déposa un long baiser sur son dos en murmurant « je sais ». Comment osait-il? Je retirai furtivement ma main et n'hésitai pas à l'essuyer sur mon pantalon. Je voulais lui faire comprendre qu'il n'avait pas tous les droits.
Etait-ce génétique? Il ne me prit pas au sérieux et éclata de rire. Pas d'un rire doux et mélodieux comme j'avais l'habitude d'entendre, mais offensant et supérieur.
- C'est qu'elle ne se laisse pas faire! Et bien, mon frère ne s'était pas trompé lorsqu'il prétendait que tu es unique! Mais au niveau de tes yeux, j'ai beau cherché, je pensais y desceller des prunelles violettes, mais apparemment, ce n'est pas le cas...Pourtant, Night n'est pas du genre menteur.
Ah! J'avais bien raison! Mes yeux ne s'apparentaient en rien au violet! Génial, qui m'assurait maintenant qu'il ne m'avait pas menti à chaque phrase, à chacun de ses mots? J'étais bien naïve.
Je détournai une nouvelle fois le regard, et aperçus à mon insu un groupe de filles plus jeunes que moi qui bavaient littéralement sur Ethan. Il aurait tout de même fallu des limites au ridicule. Le concerné suivit mon regard et son sourire reprit de plus belle.
- Je te laisse et ne sois pas aussi jalouse! lança t-il en marche arrière en direction du groupe de groupies.
Je regardais cet immonde être s'éloigner, restant sur mes gardes. Et je me rendis compte qu'il me laissait totalement indifférente. Encore une des nombreuses différences entre Night et lui. Et ce fut sans une once de regret, sauf peut être le fait d'avoir perdu inutilement mon temps, que je me dirigeai vers le parc.
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:54

Chapitre 4
2/2






Je fis quelques pas sur l'herbe, contournai quelques arbres égarés et m'approchai du point d'arriver. Je n'avais pas beaucoup d'espoir de pouvoir le trouver encore là, mais qui ne tente rien n'a rien. Ce fut donc avec un réel étonnement que je le découvris allongé, ses bras croisés derrière sa tête, servant de support à celle ci. « Un ange endormi »...Ce fut les seuls mots qui me parvinrent à l'esprit. Mon Dieu, comme il était beau. Les quelques brises de ce matin ne s'étaient pas encore tues et entraînaient les fines mèches sur son front dans une danse endiablée, se moquant totalement des lois de la gravité. Ses paupières, d'une finesse inimaginable faisaient barrière à ses précieuses prunelles.

La sérénité semblait s'être posée sur lui. Night était d'une beauté cruelle et saisissante, son appareil photo posé à ses côtés sur l'herbe abondante. Celle ci, recourbée aux endroits avoisinants la place où se situait Night semblait s'incliner devant sa beauté magistrale. Il était évident que si j'avais eu l'inimaginable aubaine de me tenir aussi prêt d'un ange, j'aurais été la première à m'incliner devant lui.

Devant une telle vision, je fus irrémédiablement tentée de l'immortaliser. Et je succombai. Et deux trois mouvements, l'appareil se trouva entre mes mains et ces dernières enclenchèrent d'elles-mêmes l'appareil. Je n'avais pu résister, j'étais si faible. Le reposant délicatement à son ancienne place, je m'avançai et m'accroupis près de l'ange endormi, sans aucun mouvement inutile, sans aucun bruit. Il était si facile d'apeurer un oiseau et de le voir s'envoler sans aucun espoir de le revoir. Je replaçai une mèche rebelle derrière l'oreille, et me penchai, comme pour mieux l'examiner. Je m'enivrais de sa perfection. Ses lèvres presque effacées remuaient doucement et très lentement. Son souffle se perdait dans la brise et je ne parvins à distinguer la moindre syllabe. Attisée par la curiosité, j'approchai instinctivement mon oreille à son souffle, jusqu'à ce que je fusse à quelques centimètres de sa bouche, mes mains retenant la plupart de mes cheveux. J'avais agi sans réfléchir et ne tardai pas à le regretter:
- Bouh, susurra t-il avec une vivacité déconcertante.
Je me redressai hâtivement, horrifiée et totalement désorientée.
Il avait ouvert les yeux, et un air narquois s'était dessiné sur son visage. Ma réaction l'amusait et il ne chercha pas à le cacher. Il souriait comme jamais mais pas seulement, ses yeux pétillaient et les "deux lunes" semblaient briller de toutes leurs forces. Et je réalisai enfin à quel point [color=black]ses prunelles m'avaient manqué, comme il m'avait manqué. Je ne me doutais guère que ce sentiment serait si brûlant. Night n'avait eu, et il s'en réjouissait. Sa fierté occasionnée s'affichait sur son visage. Je grimaçais de douleur intérieur.
- Allez, ne m'en veux pas et puis tu serais tellement plus jolie si tu souriais, dit-il en étirant son sourire d'un bout à l'autre.

Comment pouvait-il affirmer que je serais « plus jolie » si je souriais, alors qu'il n'en savait absolument rien? Je détestais ce genre de remarque, et pourtant...Et pourtant durant une fraction de seconde je l'avais cru. Mais la vision de sa propre beauté m'avait rapidement ramené à la vérité. Son sourire s'était effacé, mais ses yeux brillaient encore.
- Aurais-tu perdu ta langue? s'enquit-il.
Ma langue, non; mais ma raison, oui.
- Qu'est ce que ça peut te faire? lâchai-je en tournant la tête.
Je ne voulais pas qu'il ait à penser qu'il s'en sortirait ainsi. Mais il tendit la main et prit délicatement mon menton entre ses doigts, m'obligeant à croiser son regard.
- Ca m'aurait irrité de ne t'avoir jamais entendu chanter, répliqua t-il avec un sérieux inadapté.
- « Chanter » ? m'étranglai-je, je ne chante pas ! Je n'ai jamais chanté, je ne sais pas chanter et tu voudrais que je chante ?!
- Personne ne « sait pas chanter ». On a tous une voix à ce que je sache. Et le fait que nous soyons tous si différents amplifie la diversité de nos voix. On est tous capable de chanter et si ta voix ne te plaît pas à certaines personnes, et plaira forcement à d'autres. Tout est relatif...
-Ce que tu dis est peut-être vrai, mais je ne chanterai pas, jamais ! m'obstinai-je.
-Ne jamais dire « jamais », sourit-il en redressant sa tête qu'il cala avec sa main.
Il était allongé sur le côté et souriait, toujours et encore. Je ne pouvais rien répondre à cela, il avait constamment le dernier mot. Il jeta un furtif coup d'œil au ciel.
- Mmmmh, d'après la direction du soleil, j'en déduirais qu'il est 19 h 15 et qu'il serait temps que tu t'en ailles ou bien tes parents risqueraient de s'inquiéter, déclara t-il en gardant son éternel sourire aux lèvres.

Etonnée, je me tournai vers l'astre et fus aveuglée par son immaculation. Je laissai échapper un gémissement et portai instinctivement mes mains à mes yeux. Ma vue voilée, il ne me restait plus que mon ouïe sur qui compter. Elle m'informa qu'un doux rire angélique s'éleva et se répandait autour de moi. Il se moquait de moi, il osait...

Soudain je sentis une force inconnue soulever ma main. Il s'était emparé de mes doigts et je ne pus m'empêcher de sursauter au contact de ses lèvres glacées sur le dos de ma main brûlante. Le contraste était saisissant.
- Bonne soirée, chère princesse à qui on a ôter sa vue. Je prends congé de Mademoiselle, dit-il sur un ton solennel.
Et il me laissa croupir sur l'herbe, seule, et aveugle. « Princesse » ? Tu parles d'une princesse...

Peu à peu, je recouvris ma vue. J'eus le réflexe de regarder autour de moi et ce fut avec une réelle déception que je découvris son absence. Le parc était désert. Je jetai un coup d'œil à ma montre : il était 19h17. Comment était-ce possible? Il était impossible, même à quelqu'un comme Night, d'interpréter l'heure exacte à la minute prêt juste en ayant pris connaissance de la direction du soleil ! Tant de questions me tourmentaient depuis ma rencontre avec Night et lui seul en possédait les réponses. Je me relevai à l'aide d'une seule main et fus sur pied plus rapidement qu'il ne fallait. Et par conséquence, je me vis affligée d'une violente migraine. J'étais fatiguée, le soleil tapait un peu trop fort, les questions se bousculaient et pour la première fois de ma vie, je sentis le besoin pressant de dormi. Tout oublier et échapper à ce monde quelques instants, juste quelques instants...
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:55

Heaven's Night~ 1054046392
1/2


Un vent glacé troubla mon sommeil. Je grimaçai, j'avais soudainement horriblement froid. Je me redressai avec difficulté et scrutai avec le peu de vue que l'on a au réveil les environs. J'eus une première impression d'obscurité totale. C'était comme si l'ombre de chaque objet s'était multipliée jusqu'à absorber la dernière parcelle de lumière. Mes yeux se plissèrent d'eux même. Où étais-je donc? Le souvenir d'un entretient avec Night se rappela vivement à ma mémoire. Puis, plus aucun souvenir. Ce fut à ce moment tardif que ce qui touchait mes doigts prit un sens matériel. C'était effectivement de l'herbe. L'extérieur avait donc été mon refuge lors d'un assoupissement. Je me relevai avec lenteur et pris la direction de ma véritable demeure. Ce fut avec un certain recul que j'entrepris ma marche quotidienne, sous les lampadaires de la ville. Un rapide coup d'œil à ma montre m'avertit qu'il était 22 heures passées.

J'ouvris machinalement la porte d'entrée, trouvai ma mère devant l'entrée, les bras croisés sur sa poitrine, le regard habituel, le même regard que l'on porte généralement sur une personne qui serait la cause même de nos soucis.
- Bonsoir maman, lâchai-je avec dédain.
Je soutins son regard. La vieillesse la marquait de plus en plus et ses rides se creusaient à vue d'œil. Et son maquillage soigné ne faisait que les accentuer. Oh bien sûr elle avait été belle, et la vieillesse n'avait fait que masquer superficiellement sa beauté. Mais c'était un être dur que les années n'avaient épargné qui se tenait devant moi.
- Tu as vu l'heure qu'il est? J'ai du mal à croire que tu oses encore mettre un pied dans cette maison ! s'indigna t-elle.
Je m'y étais préparée et encaissai sans rien dire.
- Chéri, viens voir, ta fille est finalement rentrée.
Je n'en revenais pas! Il était là? Mon père était réellement là? Je le vis entrer par la porte qui donnait accès à la cuisine. D'un pas lourd et fatigué, il s'approcha de la porte d'entrée, là où nous nous tenions, ma mère et moi. J'avais du mal à le croire. Il ne fut jamais là pour le moindre épisode de ma misérable vie, mais répondait présent lorsqu'il s'agissait de me faire la morale ?
- Heaven, tu me déçois terriblement. Te rends tu compte du sang d'encre que ta mère et moi sommes nous fait ? commença t-il.

C'en était trop. Je l'ignorai totalement et commençai à gravir les marches qui menaient à ma chambre en prenant soin de ne pas croiser le regard de mes parents.
Il ne me restait plus que trois marches, lorsque mon père me retint par la voix.
- Je suis là, alors regarde moi quand je te parle ! gronda t-il.
Je m'arrêtai net mais ne pris pas la peine de me retourner.
- Excuse moi papa, mais je me suis un peu trop habituée à ton absence...
Cette phrase laissée en suspens, je repris ma montée et claqua la porte de ma chambre derrière moi. J'entendais quelques commentaires que je ne pouvais décrypter provenant du salon mais je décidai de les ignorer complètement.

Je me dirigeai vers la table de nuit et pris deux somnifères. Cette nuit là, la lune n'avait pas fait son apparition et je me sentais terriblement mal. J'aurais tout donné pour pouvoir m'endormir éternellement...

L'alarme de mon réveil retentit. Première fois que je l'entendais et avouai que c'était fort désagréable. D'un coup de poing retenu, je l'éteignis. Je sentais encore l'effet des somnifères sur moi. Les yeux brouillés par le sommeil je me levai difficilement et retombai rapidement sur mon lit. Ces derniers temps, j'étais inhabituellement en proie à de nombreux vertiges.

Un quart d'heure après, je me trouvais sur le trottoir, prenant le chemin habituel pour le lycée. Me rappelant n'avoir rien mangé depuis dix neuf heures, je décidai de m'arrêter à la boulangerie de la grande rue pour satisfaire mes besoins humains. La petite cloche fixée en haut de la porte d'entrée retentit à mon entrée. Trois clients attendaient. Je me glissai habilement dans la queue et vidai mon esprit. L'odeur du pain cuit qui se répandait dans toute la boulangerie m'enivrait et quelque part me réchauffait l'esprit. Vint mon tour. J'avais commandé un pain au chocolat et la boulangère s'était effacée dans ses fourneaux pour chercher ma commande lorsque la cloche retentit de nouveau. Et ce fut non sans étonnement et appréhension que je reconnu Ethan à l'entrée de la boulangerie. Mais que venait-il faire ici ?

Il balaya la boulangerie du regard et lorsque son regard se posa sur moi, il sembla légèrement étonné mais se reprit aussitôt. Me gratifiant d'un sourire narquois il se dirigea vers moi. Détournant le regard avec l'infime espoir qu'il ne m'aurait pas reconnu, je remarquai qu'on était les seuls dans la boulangerie.
- Mais quelle heureuse surprise ! lança t-il en me prenant la main gauche.
Avant que je n'eusse fait un mouvement, il y déposa une nouvelle fois sa marque si distinctive qui se traduisait par un baisemain. Personnellement, j'aurai préféré subir la marque d'un fer rouge plutôt que la sienne ? Je retirai ma main aussi vite que mes réflexes me le permirent, mais alors que je fus sur le point d'essuyer à nouveau le dos de ma main sur mon pauvre pantalon, il sortit de sa poche un mouchoir apparemment neuf et me le tendit.
- Tu ne vas tout de même pas salir un aussi joli pantalon, remarqua t-il.
Après mûres réflexions, j'acquiesçai.
- Tu as raison, approuvai-je.
Et avant qu'il n'eût compris mon intention, j'essuyai ma main sur son T-shirt bleu marine bien trop grand pour lui. Il émit une indignation mais la boulangère refit son apparition.
- Excusez moi d'avoir été aussi longue, mais j'ai eu un problème technique avec mon fourneau, s'expliqua t-elle en me tendant mon pain au chocolat.
- Je vous en remercie.
- Vous ne voulez rien d'autre ? proposa t-elle.
Ethan crut bon de m'encourager à la boulimie.
- Allez Heaven, tu es maigre comme un clou ! Prends autre chose, c'est moi qui offre !
- Ecoutez donc votre petit ami, encouragea la boulangère qui devenait fort irritable à mes yeux.
- Ce n'est PAS mon petit ami, et puisque je vous dis que...
Coupant net ma lancée, le malpoli qui se tenait près de moi murmura à mon oreille ces quelques mots.
- J'espère que mon T-shirt te servant de serpillière te plaît quand même vu que c'est celui de Night...
Rien qu'à la prononciation de son prénom me fit sursauter. Comment osait-il ? Je lui jetai un regard accusateur avant de me raviser.
- Finalement, dis-je en m'adressant à la boulangère, vous me rajouterez cinq croissants, ce pain d'épice...non, pas celui-ci, l'autre, oui, celui qui est trois fois plus longe et plus cher...et puis cette boîte de beignets ainsi qu'une vingtaine de macarons...sans oublier cinq à six pains au chocolat en plus de celui-ci.
Celle à qui je m'adressais fut prise au dépourvue et essayait de me suivre tant bien que mal. Elle me tendit ma commande que je pris avec avidité.
Je m'en retournai en m'adressant une dernière fois à la boulangère.
- Vous verrez avec le jeune homme ici présent concernant le montant à déverser, puisque comme il l'a lui-même dit, c'est lui qui offre, n'est ce pas ? Sur ce, bonne journée.
J'adressai un dernier regard triomphant à Ethan et sortis de la boulangerie, fière de mon coup.

Je fis une dizaine de pas et ouvris le sac en plastique. Je m'enfilai un macaron et demandai de ce que j'allais faire du reste. Ce qui composait ma commande allait sûrement faire la joie d'un sans abris du quartier et l'emballage, ainsi que le sac, contribueront à l'inexorable pollution de la planète ainsi qu'au réchauffement climatique qui causeront la perte de quelques milliers d'hommes...Chouette avenir en perspective. Je me pris à penser à Ethan jusqu'au moment où, envisageant de l'étouffer avec ce qui me tombait sous la main, c'est-à-dire beignets et autres macarons, celui crut bon de me faire peur.
- Bouh, s'exclama t-il.
Mais bon Dieu, pourquoi devais-je sursauter à chaque fois qu'un Willeston émettait une interjection ?
- Qu'est ce que tu veux ? crachais-je à moitié.
- Un merci, si ce n'est pas trop demandé.
Je ne pris pas la peine de me retourner et continuai d'avancer, Ethan à mes côtés cherchant à tout pris à attirer mon attention. C'était peine perdue.
- C'est effectivement trop demandé, répliqu'ai-je.
Je devinais déjà son indignation.
- Hey ! Tu m'as pas mal aidé à dévaliser la boulangerie il y a même pas dix minutes j'te rappelle !
- Au moins comme ça, tu réfléchiras à deux fois avant de me proposer quoique ce soit.
Il s'arrêta net dans sa marche.
- Laisse moi une chance de devenir l'un de tes amis.
Je soupirai.
- Je t'ai dis de réfléchir avant de dire de telles sottises.
- J'y ai réfléchi à deux fois, si ce n'est plus, alors laisse moi cette possibilité.
Je m'arrêtai à mon tour et fis face à Ethan.
- Très bien, soupirai-je, pourquoi tiens-tu autant à te familiariser avec moi ?
- Je ...
Il stoppa net sa phrase et détourna les yeux. Il semblait mal à l'aise. Je ne le croyais pas. Ethan Willeston était gêné. Première nouvelle.
- Je n'sais pas, finit-il par dire.
Son regard se perdait.
- Première fois que je te vois comme ça, remarqu'ai-je.
Je descellai avec étonnement le peu de rose qui s'était accroché à ses joues.
Il ne dit rien pendant un certain lapse de temps et finit par déclarer avec un sourire forcé.
- Et ce n'est pas la dernière fois que tu me vois tout court.
Et il s'en retourna sur ses pas.
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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 19:57

Chapitre 5
2/2





Intriguée par le comportement inhabituel d'Ethan, je repris ma route et remarquai que je tenais toujours dans ma main le sac en plastique où demeurait le petit déjeuné d'une dizaine de personnes. Je sortis du sac un croissant et remis le reste à un sans domicile fixe qui me regardait avec avidité. Il me remercia chaleureusement et je repris ma marche vers le lycée.

9 h 05. La première heure de cours s'était déroulée comme à son habitude : chaque élève s'en sortait avec un ultime choix à faire, soit s'étouffer avec les craies de la prof ou bien se taper la tête avec ses livres de cours jusqu'à ce qu'un évanouissement s'en suive. Personnellement, j'opterai pour la deuxième solution en remplaçant les livres par des chaises...En résumé, un ennui mortel avec effets secondaires sur le système cérébral. Moi je dis, vive l'éducation.

J'étais en train de me poser la fameuse question philosophique du « En combien de coups sur la tête la chaise finit-elle par voler en éclat ? » quand l'Ange fit son apparition. Night tenait donc à assister au cours de français qui n'allait pas tarder. Quelques filles se mirent à ressembler très fortement à des dindons aux gloussements dérisoires ; d'autres se figèrent sur place et la plupart des gars s'en fichaient littéralement.

Night balaya la salle du regard et s'arrêta sur moi. Il m'adressa son fameux sourire dévastateur dont il connaissait si bien le secret, que je ne pus lui rendre. Il avança en ma direction sous les regards désapprobateurs et meurtriers des autres « dindons » de la classe. Night avait remarqué la place vide à mes côtés.
- Puis-je me permettre ? me demanda t-il.
- Evidemment.
Il s'assit à côté de moi sans se rendre compte du brasier qui me dévorait de plus en plus. Je me mis à penser que les pompiers du coin allaient le détester...
- Belle matinée, n'est ce pas ? remarqua Night.
Je jetai un coup d'œil à travers la fenêtre. Le soleil brillait et les nuages avaient déserté le coin...bande de lâches.
- Ne te fis jamais aux apparences, ne pus-je m'empêcher de dire.
Il se tourna vers moi affichant un visage marqué par l'étonnement et l'incompréhension. Oui, je le paraphrasais, mais j'étais du genre à retenir mes leçons.
- Que veux-tu dire par là ?
- Je veux dire par là que j'ai rencontré ton charmant petit frère...
Il détourna la tête. Ses somptueux cheveux miroitaient de plus bel sous le halo de lumière qui s'était frayé un chemin à travers les vitres.
- « Demi » frère, précisa t-il entre ses dents. Qu'est ce qu'il te voulait ?
Il ne chercha pas à cacher la pointe de dégoût qui s'était glissée dans sa voix.
- Rien de spécial, on s'est rencontré par hasard... « demi » dis-tu ?
- Oui, le gosse de mon père qui nous a lâchement abandonné ma mère et moi. Une vraie ordure.
- Qui ça ? Ton père ou ton demi-frère ?
- Les deux, siffla t-il.
- Oh...
Je détournai à mon tour la tête. Il était rare de le voir ainsi.

Le professeur de français était en retard. Il s'était peut-être rappeler qu'il allait devoir affronter une bande d'adolescents abrutis par le « tic tac » incessant de l'horloge...tout en sachant que sa paye ne pouvait lui permettre d'acheter qu'un misérable ticket de loterie, histoire d'espérer une vie bien meilleure.

Quelques regards, féminins pour la grande majorité, étaient portés vers Night et moi. Même avec la plus grosse loupe existante sur terre, on aurait pu desceller un bout d'enthousiasme. De plus, il s'agissait pour la plupart de très belles créatures. Elles n'auraient pas hésité à me sauter dessus pour m'étrangler avec leurs jolis bandeaux rose bonbon où demeurait écrit en strass « Peace and love »...On arrête pas l'ironie. Bien que je ne sache réellement ce que c'était, leurs jalousies se sentaient jusqu'au bout de craies cachés derrière le radiateur.

Soudain, la voix de Night se fit entendre.
- Heaven, ne t'approche plus d'Ethan.
Je me tournai vivement vers mon interlocuteur.
- Et pourquoi donc ?
Il haussa la voix. Un peu trop brusquement sans doute.
- Ne t'approche plus de lui, un point c'est tout ! gronda t-il.
« Humainement », le rouge me monta sans crier garde à la tête. J'étais prête à arracher le bandeau « Peace and love » de la chevelure blonde de la fille d'en face pour étrangler sans regret mon cher voisin.
- Ne me donne pas d'ordre, sifflai-je à mis voix.
Je me levai brusquement, pris violement mon sac et balançai celui-ci sur mon épaule. Il régnait un silence de mort. J'aperçu furtivement le prof joueur de loto à son bureau, l'air consterné. Pas si lâche que ça.

Mes yeux lançant des balles de base-ball en plein sur le crâne de Night, je tournai les talons et partis sous les regards étonnés de mes camarades de classes avec qui je n'ai jamais tissé un seul lien d'amitié. Il fallait dire que j'étais réputée pour être la fille « morne à faire peur ». Ils ne comprenaient pas ce qu'il m'arrivait...et moi non plus.

Mon Dieu mais que m'arrivait-il ? Je tremblais de...frustration. Le regard de night n'avait jamais été aussi froid. Il gardait ses coudes sur la table, les mains jointes devant sa bouche, et me fixant de ses inimaginables prunelles. Je remarquai que je ne ratais jamais une occasion pour m'extasier devant ses yeux, et cette prise de conscience eut le don d'accroître ma colère. Ma fierté en prenait un coup. Je sortis précipitamment, mon corps tremblant de...«colère». J'avais lu bien assez de livres pour me rendre compte que j'en possédais tous les symptômes.

Chaque regard était braqué sur moi. Je sortis la tête haute, le regard fixe. Je savais que cet acte était non sans conséquence. Mais tant pis. Nan mais pour qui se prenait t-il ? Jamais je ne l'aurais cru capable d'hausser la voix. Je le connaissais si mal... « Ne te fis jamais aux apparences... »...Je le revoyais encore prononcer ces mots, et je dus avouer qu'il avait parfaitement raison sur ce point.

Je marchais droit devant moi, plus rapidement qu'il ne le faudrait, et sans forcement savoir où j'allais. Mon pas ralentit peu à peu. Je serrais mon livre de français contre ma poitrine, mon cœur battait à cent à l'heure. Je transpirais et ma sueur devenait froide. Horrible sensation...

Je levai la tête et m'aperçus que j'étais arrivé à la hauteur d'une des fenêtres donnant sur la classe que je venais de quitter il y avait cinq minutes...ou peut être vingt, je ne savais plus trop. Instinctivement mes yeux se posèrent sur Night...Ce n'était pas non plus difficile de ne pas le louper, un groupe de filles dont celle au bandeau s'agglutinait autour de lui. Soudainement, je fus frappée par une violente migraine particulièrement tenace. Je portai ma main à mon front. Inconsciemment je luttais contre cette dernière pour essayer d'apercevoir un bout de visage de Night. J'étais pathétique...Il semblait tout à fait mort d'ennui, sa main calant sa tête pour éviter de s'endormir.

Il tourna le regard et m'aperçut à la seconde même. J'eu du mal à garder les yeux ouverts. Je ne compris pas grand-chose. Il s'était levé brusquement, renversant sa chaise sous le regard horrifié du groupe de dindons. Ses yeux s'étaient plantés dans les miens, qui ne voyaient plus grand-chose, ma vue se brouillait de plus en plus. Je connaissais que trop bien cette sensation. Night s'était précipité vers la fenêtre qu'il brisa à l'aide d'une chaise. Je vacillais. Je voyais toute la scène au ralentit. Je voyais faiblement ses lèvres bouger, il me parlait, mais je ne comprenais rien. Il criait, mais je n'entendais toujours rien. Il semblait si apeuré, si inquiet...Pourquoi tant d'inquiétude ? Ce n'était qu'une simple et misérable migraine...Celle-ci ne tarda pas à se transformer en vertige et il fallut mois d'une minute pour que le sol ne se dérobe sous mes pieds.



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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 20:10

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1/2




J'entrouvris une fois mes paupières...Blanc...Il n'y avait pas une minute, tout était noir. Que se passait-il donc encore une fois ? J'ouvris une deuxième fois mes yeux ... Aucun doute, tout était blanc. Le Paradis? ...Impossible, je n'y aurais jamais eu accès. Je refermai mes paupières, plus lourdes que jamais...Le noir refit son apparition. Où étais-je donc ? Je ne sentais plus mon corps et rien que le fait de soulever mes paupières me demandait plus d'efforts que de déplacer une montagne à la petite cuillère.

Je voulais savoir...Blanc, toujours et encore...Avec un effort surhumain, je tournai légèrement ma tête vers la droite...Argenté...Je fermis les yeux presque instinctivement. Ma gorge était dangereusement sèche. Je voulus avaler ma salive, mais n'y parvins. Aucun doute là dessus, je ne pouvais me tromper. Je ne connaissais que trop bien cette fameuse couleur. Mon mal de tête commença à refaire surface...Doucement, très doucement, mes yeux s'ouvrir...
- Bonjour Heaven, murmura t-il arborant son éternel sourire fatidique à celle ou celui à qui il était adressé.
- N...Night ? essayai-je d'articuler. Que se passe t-il ?
- Pas grand-chose, mis à part que tu as failli finir dans mon estomac, plaisanta t-il sachant très bien que je n'étais pas d'humeur, tu t'es une nouvelle fois évanouis sous mes yeux. Ça fait deux fois, tu devrais apprendre à être plus résistante !
- Parle pour toi, lâchai-je dans un souffle, je tiens pas à finir dans ton ventre !
Il ne se doutait pas que c'était hélas la troisième et non la deuxième fois. Il m'accorda un deuxième sourire...Je compris rapidement qu'ils m'étaient vitaux, j'en avais tellement besoin...

Je me redressai de mon lit avec difficulté et scrutai, les yeux encore brouillés, le lieu où je me trouvais. Où étais-je ? Je retrouvais peu à peu de ma vitalité. J'écarquillai les yeux lorsque j'eus trouvé réponse à ma propre question.
- Mais qu'est ce que je fous dans un hôpital ??? m'exclamai-je un peu plus fort que prévu sous l'effet de la surprise.
Night ne dit pas un mot. Il se contentait de me fixer. J'examinai avec horreur mon bras gauche où une aiguille reliée à un long tuyau se logeait bien gentiment dans ma veine. Je me tournai vers Night qui demeurait impassible.
- Dis moi ce que je fais ici ! On n'emmène pas quelqu'un à l'hôpital juste à cause d'un simple malaise ! Et on fout encore moins des tuyaux dans son bras !
D'autant plus que j'étais persuadée qu'on n'y trouverait aucune origine et raison médicale à tout cela. J'avais déjà connu quelques vertiges il y avait de ça quelques années, mais rien de réellement grave. Et s'ils étaient de plus en plus nombreux ces derniers temps, c'était juste que mon corps et mon esprit fussent en proie à tant de nouveautés en moins d'un mois plus qu'en dix-sept années d'existence. Il fallait bien s'attendre à ce genre d'effets secondaires ! Rien de plus normal, donc...

Mais alors, pourquoi tant d'exagération ? Je décryptai ces quelques mots sur la fiche médical posée sur la table de chevet en bois peinte en blanc : « mise en examen » ...Je comprenais de moins en moins...Ne sachant quoi faire, je me tournai vers Night.
- Ce n'est pas qu'un simple vertige Heaven, loin de là...me dit-il sur le ton de l'aveu.
Il me cachait bien plus de choses que je n'aurai pu imaginer...
- Alors qu'est ce c'est exactement ?
Il eut soudain un réel intérêt au sol de l'hôpital. Il n'osait me regarder...Mais bon Dieu, que se passait-il ? Après un long moment, il brisa le silence qui s'était confortablement installé.
- Heaven, tu es au courant que j'ai ce don particulier de pouvoir lire clairement ce qui se cache derrière une personne, n'est ce pas ?
- Oui, et ?
Je ne comprenais pas où il voulait en venir.
Il prit une longue inspiration.
- A vrai dire, il se trouve que je t'ai menti lorsque tu me demandais ce qui se cachait derrière tes yeux...Depuis le début, si tu me voies constamment c'est parce que je suis, ou j'essaye, de toujours être à tes côtés...Tu as tellement besoin que quelqu'un te protège Heaven, tellement besoin...
Il avait finit sa phrase dans un souffle.
- Alors c'est juste pour « ça » ? Juste parce que j'ai sois disant besoin de protection ? Et pourquoi dois-je être « protégée » comme tu dis ?
Je soutenais son regard, jusqu'à ce qu'il détourne les yeux. Il cherchait ses mots, c'était flagrant. « Protection » prétendait-il...Monsieur voulait seulement jouer les super héro ? C'était vraiment tout ce qui l'intéressait chez moi ? Mon incapacité à me protéger toute seule ? Je m'impatientais.
- Et bien vas y Monsieur le protecteur, dis moi ce que je ne sais p...
- Heaven, c'est à cause de ta santé si tu as constamment besoin de quelqu'un à tes côtés, les symptômes peuvent se manifester n'importe quand ! Essaie d'imaginer si personne n'est présent ! Tu sais, c'est l'un des sens les plus importants ! Ca pourrait être extrêmement dangereux ! Heaven, tu me comprends, n'est ce pas ?
Pas vraiment...Il parlait vite, trop vite peut-être...au point que sa respiration devienne saccadée... Je ne comprenais rien à son débit, rien du tout. Il semblait parler pour lui-même plus qu'autre chose. Trop impatient de pouvoir révéler ce qu'il tenait tant à me dire. Mais il balançait tout en vrac et j'avais pas mal de mal à rassembler les morceaux.
- Attends, attends ! Je comprends strictement rien à ce que tu me racontes ! explosai-je, dis moi juste clairement ce qui se passe !
Il essaya de reprendre son souffle et pour ce fait, il ferma ses yeux quelques instants. Il les rouvrit quelques secondes plus tard, le regard plus décidé que jamais.
- Heaven, en clair, il semblerait que tu ai une anomalie au niveau des ...
Il ne finit pas sa phrase. Il fut pris d'une toux incontrôlable. Il chercha à reprendre son souffle mais ça ne fit qu'aggraver sa situation.
Paniquée, j'avais bondi de mon lit et arrachée les tuyaux et aiguilles logés dans mon bras. Trop brutalement sûrement, un filet rouge s'écoula de l'endroit où reposait l'aiguille. J'aurai du avoir mal sur le coup, mais comme à son habitude, je ne ressenti aucune douleur.
Quelques gouttes de sang ne tardèrent pas à briser l'union de la couleur immaculée du sol. Je me jetai aux côtés de Night.
- Mon Dieu, quelqu'un, vite ! criai-je.
De son côté, Night commençai à reprendre haleine, et sa toux disparut peu à peu.
- Etes vous toujours sûr que vous ne voulez pas rester en observation ? Votre état m'inquiète...même si cette toux a l'air moins grave que la précédente.
Une femme fit son apparition, peut-être une infirmière je ne savais pas trop, je ne parvenais pas à lire ce qui était écris sur sa blouse...La fatigue se faisait encore ressentir apparemment. Night échappa un dernier toussotement et se tourna vers l'infirmière, un insoupçonnable sourire aux lèvres.
- Non, non. Merci, mais je suis déjà suivi.
Je fis de rapide allé retour entre la nouvelle arrivante et Night. Je ne pus m'empêcher de demander.
- « que la précédente »... ?
Ce fut la femme qui me répondit.
- Oh vous n'avez sûrement pas dû y assister, vous étiez encore évanouie. Ce jeune homme eut une autre crise après avoir couru et vous avoir déposé sur ce lit. Nous l'avons forcé à utiliser le masque respiratoire, mais il le repoussait en nous ordonnant de nous occuper de vous en priorité. Vous avez un charmant petit ami mademoiselle si je puis me permettre, inconscient, certes, mais charmant.
En temps normal, j'aurai protesté, mais j'étais bien trop préoccupée à dévisager mon bienfaiteur, complètement abasourdie.
- Ce n'est pas la première fois que tu as ce genre de crises, n'est ce pas ? Ni la première, ni la deuxième, hein...
Ce dernier ne répondit pas, et ce n'était pas la peine, la réponse était évidente. Il avait tourné la tête vers sa droite et fixait les gouttes de mon sang à terre, puis se ravisa, et lança un regard meurtrier à la jeune femme d'une quarantaine d'années. Il semblerait que Night aurait préféré que je ne sache pas ce qui s'était passé.

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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 20:12


Chapitre 6
2/2



Je m'adressai à l'infirmière, totalement indignée.
- Vous n'aviez pas à l'écouter ! Je vous rappelle que je n'ai eu qu'un simple malaise. Vous avez le sens des responsabilités, n'est ce pas ?
- Et bien mademoiselle, il se trouverait que votre cas soit aussi
préoccupant que celui de votre ami.
Soudain, la femme en bouse blanche disparut de mon champ de vision. J'avais l'impression que des flammes me dévoraient de l'intérieur. Mon mal de tête reprit de plus bel et mes yeux me brûlaient. Jamais ce « feu » fut aussi ardent. Humainement, je portai mes mains à mon visage, et je gémis de ... douleur. Je n'en pouvais plus, j'aurai tout donné pour que cela cesse. Mon ouïe m'informa que l'infirmière et Night s'étaient précipités sur moi. L'ange aux yeux argentés qui se tenait à mes côtés essaya de me rassurer...et y parvint. Il avait pris mes mains dans les siennes, comment ne pas succomber ? Délicatement, il dévoila mon visage.
- Heaven, c'est moi, je suis là, tout va bien... regarde moi...
Le son de sa voix transparaissait une douceur inconcevable et balaya d'un souffle la douleur. Alors j'entrouvris le plus doucement possible d'ouvrir mes paupières. Et ce fut un trou noir qui apparut devant mes yeux. Une sorte de point au centre de mon champ de vision. J'aurai paniquée si je n'avais pas aperçu Night à ma droite...C'était inconcevable, je voyais clairement à la péripétie de mon champ de vision, mais pas au centre... Il me fixait de son regard le plus doux qu'il ne m'avait encore jamais dévoilé. Mon Dieu, qu'il était beau ! Tant de beauté pourrait être fatal à n'importe qui...Et ce genre de délit n'est jamais puni par la loi...Ses cheveux de jais criaient encore plus que d'habitude à l'anarchie et sa croix balançait lentement...pas besoin de ça pour hypnotiser, sa beauté seule suffisait amplement.
- Mademoiselle Destal, je vous prie, concentrez-vous sur mes mains. Dîtes moi combien de doigts voyez vous ? demanda la femme.
La question me parut inhabituelle et ce fut seulement lorsque je me concentrai sur le point central que je compris. Je ne voyais que quatre doigts finement manucurés à chaque extrémité du point noir.
- J'en vois huit.
Cette fois, elle s'adressa à Night.
- Jeune homme, combien en voyez vous ?
- ... Dix, lâcha piteusement ce dernier.
- Bien...Heaven, déclara la fonctionnaire de l'hôpital, vous êtes atteinte d'une atrophie optique, plus spécifiquement de la maladie de Leber si l'un de vos parents en est lui-même atteint. Quoi qu'il en soit, le sang prélevé pendant votre sommeil confirme une anomalie aux niveaux de votre système oculaire. Généralement, la chute brutale de la vue ne se manifeste que dans l'un des deux yeux. Mais dans 50% des cas, qui est notamment le votre, c'est une bilatéralité qui survient, c'est-à-dire que vos yeux sont atteints en même temps. Cette maladie est sensée être indolore, mais il se trouverait que ce n'est apparemment pas votre cas. C'est assez inhabituel. Je vous prescrirai certains médicaments qui devraient soulager cette douleur.
- Vous...vous êtes médecin ? m'étonnai-je.
- En effet, je m'appelle Sylvianne Ditony, je suis ophtalmologiste.
Je me concentrai de nouveau sur la plaque accrochée à sa blouse mais ne parvins toujours pas à lire...Ma vue chutait, elle ne mentait pas...mon Dieu, « elle ne mentait pas ! » Cette révélation me fouetta en plein visage...elle ne mentait pas...
- Excusez moi, poursuivit-elle, je n'ai pas eu l'occasion de me présenter à vous jusqu'à maintenant, je m'occupe de vous depuis votre arrivée.
- ...Quel jour sommes-nous ?
- Le jeudi 4 novembre, mademoiselle Destal.
J'étais donc allongée sur ce foutue lit d'hôpital depuis quarante-huit heures...Je balayai les environs, une pomme à moitié entamée demeurait posée sur la table de chevet.
A ma surprise, je tenais toujours les mains de Night dans les miennes. Les siennes semblaient être faites de glace à l'instar de les miennes qui brûlaient littéralement. Je ne pus m'empêcher de noter ce surprenant contraste. A la vue de ce fruit bien gentiment posé, une question se matérialisa dans ma tête.
- Dis moi, demandai-je à Night, depuis combien de temps es-tu là ?
Il détourna aussitôt le regard.
- Il est inutile de te mentir, n'est ce pas ? ... Depuis que tu es sur ce lit.
Je resserrai mon étreinte, accrochée aux mains de mon ange gardien aussi fort que je pouvais. Il se laissa faire. Il savait que j'en avais besoin...Mais il ne s'avait pas à quel point.
- Ne vous faîtes pas trop de soucis pour l'instant, reprit la voix du docteur Ditony, Vous n'êtes qu'au tout début. C'est un bon point pour le traitement. L'évolution de la maladie sera ralentit, mais...
- Docteur, l'interrompis-je, existe-t-il un traitement efficace ?
- ... Pas pour l'instant, avoua t-elle, la greffe est toutefois possible mais il ne faut pas trop compter là dessus. Rares sont les gens qui acceptent de faire dons de leurs yeux... Mais dans le meilleur des cas, vous conserverez votre vue ! Avec quelques déficiences, certes, mais vous ne perdrez pas en qualité de vue. Il suffit de suivre notre traitement.
- Et au pire des cas ? m'enquis-je
Elle eut un moment d'hésitation.
- Dans le pire des cas, la maladie engendra une cécité totale, ce qui signifie la perte de votre vue.
Cette fois, ce fut Night qui serra mes poings dans les siens.
Elle poursuivit :
- Je vais devoir vous garder pour quelques examens. Nous devons procéder à un fond d'oeil. Suite à ceci, vous pourrez rentrer chez vous, mais vous allez devoir revenir chaque mois pour un contrôle de l'évolution de l'atrophie. Je vous conseille de profiter de toutes les belles choses à voir et de réaliser vos rêves...on ne sait jamais.
Elle eut un sourire triste à la prononciation de sa dernière phrase. Elle tourna les talons et juste avant de refermer la porte elle ajouta :
- Je vous laisse discuter, et je reviens vous chercher dans une quinzaine de minutes.
Puis, elle referma derrière elle, laissant deux âmes perdues dans un silence de souffrances mutuelles...dire qu'on appelle ça une médecin.
« Profiter des belles choses à voir » ? Mais la seule chose d'une beauté inimaginable que je voulais éternellement « voir » se tenait devant moi... Comment l'imaginer lui, son être et sa physionomie pour toujours ? Comment imaginer que je ne pourrai peut-être plus jamais me noyer dans l'océan de ses pupilles ? C'était donner un travail impossible et inconcevable à l'imagination. Je devais tout simplement l'apprendre par cœur comme on apprend une poésie, et ce, à temps limiter. Connaître chacun de ses traits, chacun de ses gestes tant qu'il était encore possible, le temps que nous laisserait sa maladie...et la mienne.
On resta assis l'un en face de l'autre, les mains dans les mains, les yeux dans les yeux. Il n'osait pas bouger, son visage demeurait immobile, semblant figer cette expression de tristesse pour l'éternité. Le silence est bien souvent préférable à tout un discours. Etrangement, plus les minutes défilèrent, plus mes lèvres transparaissaient un léger goût de salé...J'avais l'impression que mes yeux, ayant pris exemple sur mon bras, ne cessaient de saigner, chaque gouttes laissant sur son chemin un arrière goût de souffrance face au destin...
Le point central de mon champ de vision avait disparu, mais je savais pertinemment qu'il n'allait pas tarder à ressurgir, et son rayon un peu plus grand à chaque fois. Je ne croyais pas vraiment en l'efficacité de ces traitements qu'on allait m'infliger. Je n'étais pas défaitiste, simplement réaliste. C'est fou, c'est seulement lorsqu'on est sur le point de perdre quelque chose de précieux à nos yeux, dans le véritable sens du terme à mon égard, que l'on se rend compte de son importance...Sauf que lui, pour une raison qui m'échappait, comptait chaque jour un peu plus à mes yeux que n'importe autre chose au monde...à part ma vie. Problème, en ce moment même et depuis que je le connaissais, c'était lui, ma vie.
Le docteur Ditony pénétra dans la pièce silencieuse et m'invita à la suivre, ce que je fis sans un mot. Night voulu m'accompagner, mais cette foutue médecin lui dit que c'était impossible. Alors, lentement comme s'il avait peur que je ne m'envole, il me lâcha les mains pour les abandonner à la cruelle solitude qui me dévorait un peu plus à chaque pas m'éloignant de lui.
- Je t'attendrai le temps qu'il faudra, me promit-il de sa douce voix.
J'avais la gorge sèche et aucun son de ma bouche ne sortit...J'aurais tant aimer lui dire à quel point je lui serai éternellement reconnaissante... et à quel point je « l'aimais »...oui, je l'aimais de tout mon être déboussolé de recevoir autant d'amour...C'était le seul qui me comprenait et que, à mon tour, je comprenais en ce jour...Oui j'ai mis du temps à m'en apercevoir, mais j'avais bien mis toute ma vie à vivre véritablement pour la première fois. Mon Dieu, je l'aimais tellement...Et ce fut à ce moment précis que j'aperçus un masque respiratoire suspendu à un « porte manteau » à oxygène...
Encore combien de temps vas-tu m'attendre Night, encore combien de temps ? ...


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MessageSujet: Re: Heaven's Night~   Heaven's Night~ Icon_minitimeSam 6 Oct - 20:14

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1/2



Une légère brise s'engouffra dans mes cheveux. Ma main droite plaqua d'elle-même mes nombreuses mèches rebelles occasionnées. Il est souvent dur de voir la réalité en face, encore plus de l'admettre. Cela faisait un moment que j'étais sorti de l'hôpital et que je me tenais devant la porte d'accès, un moment aussi que mes joues avaient séché. Qui étais-je donc pour oser espérer que quelqu'un comme Night aurait pu m'attendre ? La salle d'attente était définitivement vide. Vide de chaleur, vide d'espoir...et ce n'était sûrement pas ma furtive présence dans la salle qui allait y changer quelque chose.

Le début d'après midi se faisait ressentir. Le soleil voilé de temps en temps par les nuages à moitié transparents réchauffait doucement les quelques feuilles mortes témoins de l'avancée de l'automne. Un pas...un seul pas, et je me détacherais de cette déception. Un pas, et il se pourrait que l'image du médecin m'annonçant mon anomalie quitte mes pensées. Un pas, un seul, et je comprendrai enfin que cette journée n'était en réalité qu'un mauvais cauchemar.

...Voilà, j'y étais parvenu. Mon pied droit, dans un effort insoupçonné s'était placé devant le gauche, et ce dernier ne tarda pas à rejoindre le téméraire. Un pas... Je me retournai et fis face au bâtiment. Je ne rêvais pas...de toute façon, je ne rêvais jamais. Désemparée, je tournai les talons et entrepris une marche vers l'inconnu.

Le désarroi s'imprégna de mon état d'esprit. Tout se dérobait autour de moi, et je savais pertinemment qu'essayer de tout rattraper serait une tentative perdue d'avance. Mais alors, qu'est ce qui me retenait encore envie ? Je n'éprouvai même pas le besoin de prononcer son nom, la réponse était évidente.

Je continuai mécaniquement de mettre un pied devant l'autre. Un pas, puis encore un. J'éprouvais le besoin poignant de marcher, de m'éloigner le plus possible, de m'épuiser, de m'effondrer...de ne jamais m'arrêter de marcher. Fuyais-je la réalité ? Peut-être, mais quelle importance ? Je devais être ridicule à marcher droit devant moi sans même savoir ma destination. Mais comme tout le monde le sait, le ridicule ne tue pas...Dieu, par contre, en a tous les droits. Mais bien gentiment assis sur son joli nuage, il se délectait de me voir ainsi souffrir à petit feu, préférant faire durer le spectacle plutôt que d'en finir une bonne fois pour toute.

Je levai la tête dans l'intention de me déchaîner contre cette « force supérieure » lorsque je remarquai se découpant sur le blanc du ciel de Reiraxalon devenu nuageux les frêles branches d'un arbre que je connaissais si bien. Je me trouvais à son pied. Aurais-je marché autant de temps ? L'hôpital se trouvait à plus d'un kilomètre du lycée. Mon corps m'avait de son plein gré conduit jusqu'ici, et je me demandais si ce genre de rébellion pouvait être qualifiée de « coïncidence ». Et puis à quoi bon ? Je ne voulais plus m'encombrer la tête d'autres dizaines de questions. Il faut savoir profiter de ce qui nous est donné.

Lentement, je m'approchai de son tronc, les yeux rivés sur ce dernier. Sa couleur café au lait s'était imprégnée du mal qui le rongeait, et ses ombres causée par ses nombreuses crevasses accentuaient ce coté couleur « brûlée » du départ. Malgré tout, il s'en dégageait une aura étrange, presque attirante.

Je posai délicatement mes deux paumes contre la rudesse de l'écorce noire, et me mis à caresser du bout de mon index les contours des multiples fissures et crevasses. Sa souffrance ne m'était pas indifférente, et je m'imaginais tout ce qu'il avait dû endurer depuis des années, à souffrir intérieurement et laissant transparaître de son mieux une façade qui laisserait croire à qui voulait l'entendre que tout allait pour le mieux. Il avait du souffrir, tellement souffrir... La solitude est quelque chose qui vous emporte si loin dans le gouffre qu'est le désespoir qu'une fois plongé dedans, vous abandonnez toute espérance de revoir la lumière immaculée du jour. Ses feuilles abîmées, chacune de ses branches et son écorce mutilée semblaient avoir tant criées et, dans ce gouffre un peu trop noir, s'être tu à jamais ne laissant plus que transparaître un dernier SOS pour ceux qui daigneraient prêter l'oreille.

J'avais laissé glisser mon doigt le long de son écorce froide d'une bonne dizaine de centimètres et entrepris de ressasser mon geste une nouvelle fois, presque pour lui témoigner un peu de compassion. Je demeurais seule, mes yeux fixés sur ce geste de va et vient, comme hypnotisée. Le reste m'importait peu.

Brusquement, l'envoûtement fut coupé court lorsque je sentis deux mains brûlantes d'audace se poser sur mes hanches, le tout accompagné d'un léger « Bouh » qui résonna au creux de mon oreille. Je sursautai. On ne changeait pas aussi facilement les habitudes. Je ne pris pas la peine de me retourner.
- Etrange, j'étais sûr de te trouver là...Pourtant, je te croyais à l'hôpital, dit-il de sa voix mielleuse.
Nous restions là; lui, ses mains sur ma taille et me soufflant à mon oreille, et moi, pétrifiée de sentir sa respiration saccadée venir mourir sur ma peau.
- Je t'y croyais aussi, répliquai-je.
Il haletait. Il semblait avoir tant de mal à reprendre sa respiration, et ce, sans aucun bruit. Je ne le voyais pas, mais ses mains servaient d'intermédiaire.

Peu à peu, il reprit contrôle de son corps. Sa respiration elle aussi reprit un rythme convenable et ses mains se figèrent. Une minute s'écoula. Je ne tenais plus, j'avais officiellement atteint mes limites. Chaque seconde qui passait m'était fatales, mais je luttais, me convaincant qu'il faut se battre parfois même des années pour décrocher un morceau de paradis. A ce moment précis, j'hésitais. Où étais-je exactement ? Au paradis ? En enfer ? Son souffle me brûlait la peau, et en pauvre condamnée que j'étais, je le laissais faire. Puis, il rompit le silence.
- Savais-tu que, en plus d'avoir un joli dos, tu possédais un très joli cou ?
Tout bien réfléchi, j'étais en enfer. Et le diable semblait à tout prix vouloir me rallier à sa cause en me faisant succomber à la tentation. Si je résumais la situation, Dieu se délectait de me voir ainsi souffrir et le diable en personne me voulait auprès de lui... J'en arrivais à me persuader que me concernant, le bouddhisme serait une bonne chose...

Puisque le diable s'intéressait à moi, autant lui en montrer digne en priant pour que je ne succombe pas. Cette idée en tête, je me retournai brusquement, un peu trop peut-être. Night, étonné de mon geste eut l'étrange instinct de me retenir, alors que tout être normalement constitué aurait eu le réflexe d'écarter ses mains. Night, non. Il était tout sauf « normal ». Et puis après tout, qu'est ce que la normalité ? En résumé, mon volte-face ne fit qu'aggraver la situation. Je me retrouvai qu'à quelques centimètres de Night qui abaissa sa tête à la hauteur de la mienne. Et en plus d'avoir dérobé ma liberté, il avait resserré son étreinte. Le diable m'en voulait-il donc à ce point ? Night avait posé délicatement sa tête contre le haut de mon crâne, nos deux fronts reposant l'un sur l'autre.

Autre contraste. Il était brûlant. Son front incendiait malencontreusement le mien. L'étreinte brûlante de ses paumes n'était donc pas qu'une simple exagération de ma part. Une fièvre atroce le rongeait.
- Tu n'étais pas obligé de courir, remarquai-je à mi-voix.
Son regard se fixait sur le sol, et sa tête, contre la mienne. J'aurais voulu lutter mais il ne m'en donnait pas l'occasion.
- Mais je n'y peux rien, moi, se défendit-il, lorsque j'ai constaté ton absence, mon corps a réagi tout seul.
Je ne le vis pas, mais je devinais son sourire. Sa fière devenait inquiétante, un peu trop à mon égard.

J'eus un mouvement de recul. Il ne me retint pas.
- Te rends-tu comptes que tu es brûlant ? m'inquiétai-je.
Bien sûr, il prit ma remarque à la légère.
- La faute à qui ? m'accusa t-il. Ce n'est pas vraiment simple de se contrôler lorsque tu es dans les parages !
Irrémédiablement, je sentis mes joues s'enflammer à leur tour. Pourquoi donc les pompiers ne sont jamais là lorsqu'on a le plus besoin d'eux ?
- Je suis sérieuse ! Tu as une fièvre monstrueuse. Tu devrais aller te reposer ! m'enquis-je.
- D'accord.
Je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapide. J'avais pris l'habitude de le voir me contredire.
- Mais avant, poursuivit-il, j'aimerais que tu me rendes un service.
Je savais pertinemment qu'il était risqué d'accepter, mais il en allait de sa santé.
- Tu me promets que tu iras te reposer après ?
- Promis, répondit-il.
- Bien, je t'écoute, alors.
Il esquissa un furtif sourire innocent et sortit de sa poche droite une petite boîte noire et me la tendit.
- Accepte ceci.
J'avais peur de comprendre. Je repoussai légèrement son présent en bredouillant pathétiquement.
- Oh non...je...je ne peux pas accepter, je...
- Alors je vais mourir ici, répliqua t-il.
Il avait retrouvé son expression audacieuse.
- Hey ! mais c'est du chantage ce que tu es en train de me faire ! m'indignai-je.
- Mmmh, je n'en dirais pas autant, mais il se pourrait que ce soit le mot le plus approprié.
La petite boîte ornée d'un fil argenté peint sur son contour me narguait ouvertement. Je fis des allées retours entre cette dernière et son actuel possesseur. Dans sa paume blanche et prodigieusement dessinée trônait son énigmatique présent. Il me le tendait sans faiblir, un sourire accroché aux lèvres.

A contre cœur, je lui pris de ses mains la fameuse boîte sans cacher ma répulsion.
- Merci pour la boîte, elle est très jolie. Mais comment as-tu deviné qu'il me manquait une boîte noire comme celle la? Comment savais-tu que je possède une collection de boîtes chez...
Il soupira amusé puis coupa court à mes remerciements pourtant engagés.
- J'aime ton sens de l'humour, mais il serait temps que tu l'ouvres, tu ne crois pas ?
Je lui lançai un regard accusateur et fixai de nouveau mon attention sur la « précieuse pièce de ma collection » certes, imaginaire. En priant de tout cœur que la boîte ne contiendrait qu'un léger et furtif coup d'air, je m'appliquais à l'ouvrir délicatement...

Elle renfermait ce que j'admirais depuis longtemps, ce que j'avais déjà tant remarqué, ce que je n'osais à peine imaginer entre mes mains indignes. Instinctivement, je regardais son oreille gauche. Oui, je ne me trompais pas, c'était irrémédiablement la même...
- Oh non, sincèrement, je ne peux accep...
- Dis moi plutôt si elle te plaît ! me coupa t-il sans l'ombre d'un regret.
Prise au dépourvue, je me mis à balbutier pathétiquement.
- Et bien... oui, naturellement ! Elle est magnifique, mais c'est beaucoup trop ! Et puis elle a dû te coûter une fortune...

Son sourire s'étira un peu plus au fur et à mesure que je complimentais son présent.
- Une fortune ? répéta-t-il en penchant légèrement sa tête à sa droite. T'exagère, je n'ai pas les moyens de t'offrir un objet provenant directement de la plus luxueuse des bijouteries !
Je fermis quelques instants mes yeux, soulagée.

- Et bien, essaye la, pour voir, poursuivit-il. Je suis sûr que cette croix t'ira à merveille !
Il n'avait pas attendu ma réponse, et avec une rapidité surprenante, il avait pris avec délicatesse les deux extrémités de la fine chaîne argentée qui accrochait la fameuse petite croix scintillante de la même couleur. Il s'était rapproché et se tenait à présent face à moi. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi impudent. Il semblait épouser mon corps, pourtant, on ne se touchait physiquement pas. Il tenait prisonnière mon âme alors qu'on ne se frôlait à peine. Qui a dit que les jeux d'enfants sont sans danger ? Rappelez moi de ne jamais jouer à colla maya avec lui...

Résignée, je ne protestais plus. Mes cheveux ramenés en queue de cheval facilitèrent l'audacieuse venue de la chaîne. Dans un élan débordant de grâce, Night déposa doucement la petite croix sur ma peau nue. Vêtue d'un simple débardeur qui laissait entrevoir une partie de ma peau, le pendentif dorénavant posé sur cette dernière semblait être taillé dans la glace. A son contact, un léger frisson me parcourait le long du dos. Son impact pourtant glacial me brûlait littéralement. Comment une si petite chose pouvait-elle concrétiser autant d'effets ?

Avec lenteur et fermeté, Night se pencha au dessus de mon épaule droite, ses bras semblant emprisonner mon cou. On aurait dit...mais il y a toujours un grand écart entre ce que l'on dirait, et ce qu'il en est réellement. Il paraissait avoir des difficultés avec le fermoir...À moins que ce ne soit encore une exagération de ma part. Je volais au paradis, mais paradoxalement, je brûlais en enfer. Quelques mèches de sa somptueuse chevelure me chatouillaient le creux de l'oreille. On était en ce moment même en train de déverser sur moi une pluie de plumes provenant tout droit du ciel.

Un parfum d'une excellence rare se propageait jusqu'à moi. Son exquise odeur qui m'obligea à contrôler ma propre respiration. Une plus grande inspiration et je défaillirais de plénitude. Je ris intérieurement, cette sensation... à croire que je me droguais...D'un côté, c'était quasiment ça. Sauf que « ma » drogue possédait de magnifiques yeux et une inimaginable chevelure.

Les autres drogues ordinaires, elles, apprennent à oublier pour quelques instants nos défauts, nos souffrances, nous même...Quelques autres encore changent littéralement le consommateur, que ce soit pour une minute, ou pour des heures entières. Et d'autres encore nous apprennent à mourir...En résumé, que de points communs avec ma dépendance. Sauf que Night était aux yeux de la Justice « légal » et « innocent ». Personnellement, si la fonction de juge m'aurait été accordée, je punirais Night de la séquestration de mon cœur, et, pour le reste de sa vie, je le condamnerais à m'aimer...

Oui, Night était ma propre drogue, et je n'avais pas besoin d'aller en Inde pour m'en procurer. Ma dépendance se tenait devant moi, sous mon nez, à me tenter sans aucun remord.
Doucement, il se redressa, un sourire empli de satisfaction accroché aux lèvres et les yeux scintillants de beauté.
- J'en étais sûr, déclara t-il avec modestie, j'ai de très bons goûts ! C'est tellement...magnifique.
- Il est vrai que tu as très bien choisi ce pendentif, il est absolument...
- Je ne parlais pas de ta croix, m'interrompit-il de nouveau, mais de toi, Heaven.
Je me mordis la lèvre inférieure. Je ne méritai pas autant de sympathie. Night dut remarquer ma gêne car il se mit à rire. Mon odorat, ma vue, mon touché, et maintenant mon ouïe étaient marqués à jamais, ne supportant dorénavant plus aucun autre facteur susceptible d'égaliser tout ce que j'avais ressenti jusqu'à présent. Comme toujours, tout cela était de sa faute...




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